Le système suisse de prévoyance, basé essentiellement sur les caisses de pension et l’AVS, est unique au monde et reste reconnu pour son sérieux. Pourtant, des experts pointent du doigt ses possibles défaillances. «Les inquiétudes des employeurs sont croissantes. Dans le deuxième pilier, la baisse inévitable du taux de conversion liée à l’augmentation de l’espérance de vie, les taux d’intérêt faibles et les mesures d’assainissement des caisses de pension pèsent sur les rentes futures des cotisants. Le rêve d’une retraite confortable promise au début de leur carrière s’étiole, alors que les coûts de la vie augmentent. En bref, la solidarité, qui est au cœur de la conception des 1er et 2e piliers tels qu’imaginés à leur création, a du plomb dans l’aile», résume Harry Lifmann, de la Fondation pour cadres et dirigeants d’entreprises (FCDE) fondée par le Groupe Mirabaud et membre du conseil Lemania.

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Pour preuve, les solutions individuelles commencent à se faire une place importante en Suisse romande auprès des entrepreneurs, pour leur retraite et celle de leurs employés. Et la réflexion est partagée par des experts en prévoyance et de nombreux employeurs.

S’adapter aux changements sociétaux

Reste que la réalité du terrain est impitoyable pour le système suisse. Car si les cotisations à l’AVS et à la LPP servent au financement collectif des retraites des assurés et que ce procédé garantit théoriquement à chaque cotisant une retraite décente, il peine toutefois à s’adapter à l’évolution de la société et aux choix personnels. Le monde du travail connaît ces dernières années des bouleversements qui changent passablement les donnes de la retraite et des caisses de pension. Entre les formations continues, les congés sabbatiques, les pauses maternité ou paternité, les temps partiels, voire les statuts mixtes d’indépendant et de salarié, sans compter la mobilité internationale, les carrières ne ressemblent guère à celles de 1985, année de mise en œuvre du 2e pilier.

Donnons la possibilité aux employés de cotiser davantage pour constituer leur propre patrimoine!

Harry Lifmann, responsable commercial de Mirabaud Asset Management

Comment proposer alors une stratégie de prévoyance qui soit non seulement avantageuse financièrement et fiscalement pour les patrons, mais aussi performante pour leurs collaborateurs et séduisante pour attirer les futurs talents? «En introduisant une prévoyance pour les cadres, l’entreprise donne l’image d’un employeur se souciant de ses employés. Le recrutement du personnel s’en retrouvera facilité et la fidélisation des collaborateurs importants sera accrue», affirme Marc-André Müller, membre de la direction du Groupe Mutuel.

«La solution peut passer par une priorisation de la capitalisation pour les assurés. En clair, donnons aux assurés l’opportunité de cotiser davantage pour la constitution de leur propre patrimoine plutôt que pour compenser les déficits de leur caisse de pension», propose Harry Lifmann. Et ce qui était considéré jusqu’ici comme de la seule prévoyance pourrait alors devenir un outil redoutable pour les ressources humaines en quête de bons éléments.

Jusqu’à dix stratégies de placement

«Au-delà des considérations salariales, de l’intéressement au capital de l’entreprise ou d’innombrables avantages en nature, la qualité du plan de retraite proposé dans l’entreprise sera souvent décisive pour attirer de nouvelles forces vives. Et pour les fidéliser. Aux employeurs d’en tenir compte pour se démarquer dans la chasse à la perle rare.» Comment les patrons doivent-ils procéder? Ils peuvent mettre en place une seconde œuvre de prévoyance, spécifiquement dédiée aux cadres supérieurs et qui offre des solutions de type 1e, plus flexibles et comprenant notamment le libre choix du programme de placement. «Les collaborateurs avec des salaires plus élevés, tels que les cadres, ont des besoins supplémentaires en termes de prévoyance professionnelle. En effet, la couverture de prévoyance de ces collaborateurs est souvent insuffisante en raison du niveau de salaire supérieur de ce personnel», détaille Marc-André Müller. «L’assuré devient alors entièrement responsable de ses décisions. Il en assume les bénéfices mais aussi le risque. C’est aussi une possibilité de rattraper le temps perdu et les trous potentiels dans son plan de retraite», ajoute l’expert de Mirabaud.

Concrètement, l’employeur peut proposer à ses collaborateurs jusqu’à dix stratégies de placement au choix, dont obligatoirement une à faible risque. Les entreprises sélectionnent généralement entre quatre et cinq stratégies qui vont d’une allocation orientée obligations à des parts en actions en moyenne de 50%. L’assuré gère alors son patrimoine de prévoyance comme sa fortune privée. En Suisse romande, il existe plusieurs plateformes récentes de proximité dédiées à ce genre de plans spécifiques. Elles mettent l’assuré en relation avec des experts pour couvrir l’ensemble des besoins de prévoyance, gérants de fortune, courtiers en assurance et fondations de prévoyance.

Le site PilierSuisse propose par exemple toutes les informations sur le 3e pilier parmi 23 compagnies. Les plateformes 3a3b.ch ainsi que Offre3ePilier ou encore le site Comparis permettent de se faire une idée des prix et de récolter des conseils.

 

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Edouard Bolleter