En 2015, l’Accord de Paris a fixé un objectif international de réduction des émissions de CO2. Pour atteindre ces valeurs, les Etats renforcent constamment leurs lois sur l’énergie. L’immobilier se trouve souvent en point de mire car, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ce secteur provoque environ 30% des émissions mondiales de CO2.

Cette tendance à légiférer prévaut aussi en Suisse. On n’aura pourtant garde d’oublier que les aspects du développement durable vont bien au-delà des questions liées aux gaz à effet de serre et à l’environnement. Les 17 objectifs des Nations unies (ONU) en la matière le soulignent. En considérant les défis sociaux et économiques, on arrive à une vision vraiment complète de la durabilité.

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Avantage stratégique

Dans l’immobilier, qui agit proactivement prend un avantage car une stratégie efficace de développement durable contribue à réduire les risques de vacance et à maintenir la valeur d’un parc immobilier. Sous de nombreux aspects, une vision durable globale doit encore se développer. Par exemple, pour l’efficacité énergétique, l’accent est mis avant tout sur la consommation lors de l’exploitation.

«Mais au final, c’est la consommation totale d’énergie au cours du cycle de vie d’un bien immobilier qui est décisive. L’énergie grise des matériaux ou leur recyclabilité lors de la démolition sont encore peu intégrées dans la réflexion et les décisions», souligne ma collègue Daniela Jorio, responsable de l’immobilier durable chez UBS Asset Management.

Notation de durabilité

Dans le futur, les analyses d’impact iront probablement au-delà du bâtiment lui-même. A terme, des incitations à une utilisation respectueuse de l’environnement seront également créées pour les locataires afin d’optimiser la consommation des ressources. On peut aussi envisager une notation de durabilité pour les locations commerciales. Les revenus locatifs seraient ensuite intégrés dans une analyse complète de la durabilité.

L’immobilier génère non seulement une certaine pollution, mais il est aussi affecté par les conséquences de cette dernière. En Suisse, il faut s’attendre à plus de mois d’été très secs, à plus de journées de canicule et à plus d’intempéries brutales. Les effets de tels phénomènes météorologiques extrêmes comme les inondations ou les îlots de chaleur estivale en zones urbaines sont également susceptibles de modifier les exigences imposées aux bâtiments.Pour gérer efficacement la durabilité globale de l’immobilier, il est essentiel de disposer d’informations et de bases de données fiables. Tant pour les chiffres clés d’exploitation que pour les informations complémentaires sur les locataires, les matériaux de construction et les risques environnementaux potentiels des sites concernés.

Gestion des données

«Les outils d’évaluation de la durabilité tels que le Global Real Estate Sustainability Benchmark (GRESB) incluent désormais dans leurs analyses des thèmes plus larges et plus spécifiques, comme le bien-être ou la coopération avec les locataires», signale Brice Hoffer, de la Recherche immobilière d’UBS Asset Management.

La mise en œuvre des normes de durabilité dépendra donc également d’une gestion professionnelle des données. En particulier grâce à l’implémentation des technologies numériques. Une stratégie de digitalisation est plus efficace si la branche de l’immobilier la développe et l’applique à toute la chaîne de valeur. Cette interaction sera cruciale pour préparer l’industrie immobilière aux défis de l’avenir.

IV
Iwan Willisch, directeur régional d’UBS Valais