Durant des décennies, les stratégies de placement n’ont que peu évolué. Mais depuis quelques années, les gestionnaires de fonds d’investissement proposent à leurs clients des solutions originales pour faire fructifier leur argent. Fait intéressant: les thèmes sont en règle générale liés aux évolutions de notre société. Voici trois propositions de placements gérés par des établissements romands.

Les bâtisseurs du Grand Paris

Un vecteur de placement plutôt original est lié à un gigantesque chantier prévu dans la capitale de nos voisins français et suscite l’intérêt des investisseurs. Il s’agit du Grand Paris. Pour rappel, le gouvernement français a lancé le dossier Grand Paris dans le but de transformer la région au cours des trente prochaines années. Cela représente le plus grand projet d’infrastructures en Europe, notamment concernant les réseaux ferroviaire et routier, avec un investissement de 30 milliards d’euros. Or il est possible d’investir indirectement dans ce projet par le biais de la banque Mirabaud. Le fonds Mirabaud Grand Paris vient en effet de signer le financement de deux chantiers immobiliers dans la capitale française: la transformation d’un garage en immeuble de bureaux et la construction de près de 100 logements.

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«Ouvert principalement aux investisseurs institutionnels, ce fonds s’appuie sur de solides fondamentaux et un contexte conjoncturel favorable, estime Renaud Dutreil, responsable du Private Equity chez Mirabaud Asset Management. Ce nouveau véhicule thématique d’investissement s’inscrit dans la stratégie d’ancrer notre action dans l’économie réelle, à savoir dans les entreprises, tout en assurant un alignement complet des intérêts de chacune des parties prenantes.»

Rendement attendu: supérieur à 10% sur la durée de vie du fonds.

Nettoyage des terrains pollués

Cette stratégie d’investissement pionnière porte sur le nettoyage et le redéveloppement des terrains pollués. L’approche combine les techniques innovantes de réhabilitation des sols, le repositionnement responsable et intégré des terrains ainsi qu’une stratégie de sortie immobilière pragmatique. «L’Europe compte plus de 500 000 hectares de sites industriels pollués hérités d’activités industrielles passées qui nécessitent un assainissement», note Bruno Farber, le directeur général du fonds Ginkgo chez Edmond de Rothschild Private Equity.

L’Europe compte plus de 500 000 hectares de sites industriels pollués.

Bruno Farber, Edmond de Rothschild Private Equity

Les sites visés sont souvent situés dans des zones urbaines et périurbaines en pénurie de terrains constructibles et peuvent constituer une solution pour les villes qui cherchent des espaces à exploiter. Des logiques qui suivent la tendance d’un urbanisme durable. «Assumer de prendre en charge ces sites, définir des projets de réaménagement en concertation avec les collectivités territoriales, évaluer les passifs environnementaux et concevoir les stratégies de dépollution est un défi loin d’être exempt de risques, mais pas insurmontable. Très concrètement, notre parti pris est d’exécuter et de financer des stratégies de gestion à long terme de ces risques environnementaux», ajoute le gérant. Un exemple? Le projet de réhabilitation de sols contaminés aux hydrocarbures et aux métaux lourds à Annecy, près de Genève. A la lisière d’une zone résidentielle, plus de 10 000 mètres carrés abritant un site de retraitement des déchets vont laisser place à 152 logements, dont 46 logements sociaux.

Depuis dix ans, Ginkgo a contribué à créer plus de 450 000 mètres carrés de résidentiel et de bureaux, via la réhabilitation de friches industrielles contaminées en Europe. «Cette approche répond à la demande d’un nombre croissant d’investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou privés, soucieux de donner du sens à leurs investissements.» Détail intéressant, les gérants ont développé un outil de mesure d’impact propriétaire, avec l’aide d’un étudiant de l’EPFL, qui évalue les progrès réalisés à plusieurs niveaux, comme la décontamination, la dépollution des sols, le planning urbain, les impacts économiques et sociaux.

Rendement attendu: non communiqué par le fonds Ginkgo.

Ma ferme au Danemark

Pourquoi ne pas investir dans… des fermes danoises? L’établissement de gestion genevois Blue Harvest propose de miser sur les agriculteurs locaux et leurs terrains, situés au premier rang européen en termes de valeur ajoutée nette par ferme. Le Danemark permet d’acquérir une ferme tant que cette dernière reste cultivée selon la réglementation du pays et en collaboration avec un professionnel de la terre local. C’est donc un investissement décorrélé des indices boursiers et une protection contre l’inflation, précise l’établissement genevois, qui considère en outre que si la ferme est déjà exploitée lors de l’achat, elle peut être rentable dès la première année d’investissement. Ce vecteur est donc aussi original qu’intéressant sachant que, selon le dernier rapport de la FAO, la production agricole devra augmenter de 70% d’ici à 2050 dans le monde.

Concrètement, les acheteurs potentiels ont accès à un investissement direct en tant que propriétaires de leur ferme. Blue Harvest est le manager du projet et gère l’acquisition ainsi que les négociations avec les banques ou institutions de crédits. La valeur d’une ferme oscille entre 2 et 20 millions de francs, selon la taille du terrain (entre 100 et 800 hectares) et le «ticket d’entrée» pour un investisseur s’établit à 2 millions de francs.

Rendement attendu: entre 4 et 8%.

EdouardBolleter
Edouard Bolleter