«La passion. Elle a été le moteur de ma vie, le fil rouge de ma carrière professionnelle. Passion du contact humain, de l’événementiel, de l’organisation, du commerce; passion des langues aussi (j’en parle quatre), du sport en général et du foot en particulier. Peu ou prou, j’ai touché à tous ces domaines. Presque en autodidacte puisque, au départ, mon CV se résumait à un CFC d’employé de commerce, comme Adolf Ogi, effectué dans une entreprise d’électricité située à la frontière entre le canton de Saint-Gall, d’où je suis originaire, et l’Autriche.

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Mon papier en poche, je n’avais qu’une envie: apprendre le français. Raison pour laquelle j’ai postulé à Credit Suisse, à Genève, où j’ai passé une année comme employé de banque. Puis, pendant mon école de recrues, un médecin m’a conseillé de multiplier des séjours en altitude pour soigner mon asthme chronique. Cela m’a donné l’idée de postuler auprès de toutes les stations de montagne romandes. Voilà comment j’ai atterri à Crans-Montana, comme employé de l’office du tourisme, où j’ai gravi les échelons jusqu’au poste de directeur, que j’ai occupé jusqu’en 2006. J’ai été nommé peu après les fameux Championnats du monde de ski de 1987, pendant lesquels j’ai eu l’honneur de fonctionner comme speaker officiel pour toutes les courses ainsi que pour les historiques cérémonies protocolaires. Quel pied et quelle émotion de commenter toutes ces victoires suisses et ce défilé d’athlètes helvétiques sur les podiums!

Le ski, dont la station a organisé la première épreuve internationale en 1911, et le golf, avec la création de l’Open de Suisse en 1939, ont bien sûr forgé la réputation de Crans-Montana. Tout comme ses résidents et hôtes prestigieux, de Roger Moore à Gilbert Bécaud, en passant par Charles Aznavour, Johnny Hallyday, Gina Lollobrigida, Jackie Kennedy, Eddy Merckx, Bourvil, grand amateur de curling, et bien d’autres. Mais un jour je me suis dit: «Pourquoi ne pas y ajouter le foot?» Oui, pourquoi ne pas faire de Crans-Montana la station d’altitude la plus prisée des footballeurs? Mon premier fait d’armes a été de faire venir le FC Nantes en camp de préparation dans les années 1980. Puis nous avons passé des partenariats avec le FC Sion et Servette. Je me régalais.

Devenu indépendant, j’ai donc logiquement créé ma propre société, en 2010: Crans-Montana Football Camps Association. Grâce au formidable soutien et à la confiance des communes du Haut-Plateau et de Crans-Montana Tourisme, dont je suis le mandataire, la mayonnaise a tout de suite pris comme on dit. Cela a commencé par la préparation de l’équipe de Suisse pour les Mondiaux d’Afrique du Sud. Puis des clubs prestigieux ont suivi: Everton, Monaco, Feyenoord Rotterdam, Marseille, l’Olympique lyonnais masculin et féminin, Valencia, l’équipe nationale d’Algérie, de Tunisie, des Etats-Unis, du Brésil féminin avec Marta, la meilleure joueuse de l’histoire, et bien sûr, Sion, Servette, Bâle, Zurich, Sochaux, et j’en passe.

Devant un tel succès, les communes ont accepté de mettre les terrains de Lens et de Bluche aux normes FIFA. C’est unique pour une station de montagne. Après le creux du covid de 2020, nous avons enregistré 5000 nuitées pour les 15 camps de 2021. Leurs retombées directes sont évaluées à 1,5 million de francs, sans compter la visibilité et la renommée qu’ils apportent à la station. Quant à mon jackpot à moi, c’est avant tout de pouvoir bien vivre de ma passion. A 68 ans, c’est cadeau!»

Christian Rappaz, journaliste
Christian Rappaz