Les cités romandes mènent la danse au classement des finances des principales villes du pays et figurent à trois dans le quinté. Certes, en termes sportifs, la victoire s’est jouée à la photo-finish: c’est au millième, avec 0,008 point d’avance, que Sion triomphe de Lucerne. Au vu de la symbolique du chiffre, le président sédunois, Philippe Varone, ne pouvait pourtant que l’emporter, lui qui était naguère… encaveur!

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Si Sion et Lucerne finissent à même pas un quart de ton de différence, leurs finances s’accordent différemment. Au pied de Valère, les équilibres budgétaires sont très bien maîtrisés. Les contribuables sédunois paient presque un peu trop d’impôts au regard des charges de la cité (104,7% – Ind. 1). Au bord du lac des Quatre-Cantons, une baisse fiscale pourrait même être envisagée (108,1%).

Tourbillon... d'investissements

Sion se distingue aussi par un tourbillon... d’investissements. En chiffres nets, ces derniers y représentent 1 franc sur 8 de dépenses courantes. Et c’est un emballement molto sostenuto, puisque ce n’est pas la première année que la ville investit à tour de bras. Cet effort fortissimo aurait pu lui coûter la victoire. N’eût été la sous-estimation massive des rentrées fiscales à Lucerne. Là, ce n’est pas le président Beat Züsli (PS) qui tient les cordons de la bourse, mais la centriste Franziska Bitzi Staub. En se trompant de quelque 15%, la Direction des finances lucernoise a rajouté trop de bémols à son accord.

Le constat Sous l’angle de l’endettement, les deux villes ont des notes assez proches. Leurs situations sont est saines. 

Mais aux réalités inverses. Sion devrait dédier presque une demi-année d’impôts pour solder sa dette nette (Ind. 9). De son côté, Lucerne pourrait, sur sa fortune nette, vivre six mois sans revenus fiscaux.

Après un exercice 2020 calamiteux, la ville de Genève revient au triple forte. Elle renoue avec une austérité calviniste de bon aloi après des comptes 2020 en parfait déséquilibre. Seul (petit) bémol: des investissements couverts à 85% par ses propres moyens. Sur le plan de la qualité de la gestion, le Vert Alfonso Gomez joue un peu trop la fugue dans ses dépenses (+2,3% – Ind. 5) et a déjà pris l’habitude des grands argentiers de sous-estimer allegro (-8% – Ind. 7) le produit des impôts. Mais, en fait, la plus grande faiblesse des finances genevoises tient à l’ampleur de sa dette brute: pour l’éteindre, il faudrait y consacrer toutes les recettes courantes pendant un an et demi… A l’opposé, Genève a une solide fortune nette et surtout réussit un brillant renversement d’accord avec une moyenne globale de 5,4 – versus 4,35 en 2020.

Du côté de Fribourg, où le seul élu de droite, Laurent Dietrich (Le Centre), tient les cordons de la bourse, la mauvaise estimation des rentrées fiscales (-15% – Ind. 7) a complètement déséquilibré le compte de fonctionnement (+15% – Ind. 1). Au lieu d’une perte de 2,8 millions, l’exercice 2021 a bouclé sur un bénéfice de 37,1 millions, grâce à 26,2 millions d’impôts en plus. En musique, il faut un double dièse pour une telle élévation, qui perturbe forcément un peu l’harmonie générale et la maîtrise des dépenses courantes (Ind. 5).

La conséquence Cette hausse surprise a  prestissimo conduit le Centre  gauche/PCS à réclamer une ristourne  de 350 francs par contribuable.

Malgré une nette majorité de gauche, le parlement municipal a retoqué cette demande «irrecevable». A noter encore: des paramètres d’endettement plutôt bien contenus (Ind. 9 et 19). Ce qui vaut à Fribourg un bel accord final, à 5,10 (5e), juste un comma devant Bienne. La cité seelandaise se classe 6e, avec 5,09 de moyenne et joue aussi une partition plutôt harmonieuse. Les seuls (petits) canards proviennent d’une dette qui s’emballe quelque peu (+2,1% – Ind. 3), avec des dépenses courantes qui prennent aussi l’ascenseur (+2,1% – Ind. 5). L’endettement brut jette encore une couleur un peu plus sombre sur la partition biennoise. 

Lausanne reste constante

Au 11e rang, avec une note de 4,73, Lausanne reste assez constante. Les équilibres budgétaires baignent dans l’harmonie. En revanche, les dépenses courantes donnent dans le fugato un peu désordonné (+2,5% – Ind. 5) et des bémols supplémentaires sont apportés par cette incontournable tendance des chefs des Finances de prévoir des rentrées fiscales toujours très basses (-12% – Ind. 7). Lausanne devrait surtout se préoccuper de sa dette. Aux cordons de la bourse depuis une dizaine d’années, la socialiste Florence Germond pourrait désormais travailler à faire repasser ces ratios en mode majeur. Avec une dette nette de 353% (Ind. 9), la capitale olympique affiche le record suisse. Même le canton de Genève (246%) en reste très éloigné.

Au 16e rang avec 3,82, Neuchâtel est la première ville sous la moyenne. Les racines du mal sont assez patentes: trois paramètres budgétaires sur quatre sont en grave déséquilibre. La cité désormais fusionnée vit à crédit et est bien loin de couvrir ses charges (96% – Ind. 1). Elle recourt presque exclusivement à l’emprunt pour financer ses investissements (4,1% d’autofinancement – Ind. 2) tandis que la dette nette s’envole à un tempo effrené (+9,3% – Ind. 3).

A la tête des Finances, Didier Boillat (PLR) aura fort à faire pour corriger le tir. Quelques premiers dièses se manifestent toutefois déjà en 2021 puisque la ville a joué pianissimo sur les dépenses courantes (-9,6% – Ind. 5). Il conviendra néanmoins de réviser les accords de l’endettement (Ind. 9 et 10), qui demeurent très sombres. 

Delémont souffre aussi

Antépénultième ex æquo avec Lugano, Delémont souffre aussi, mais pas forcément des mêmes maux, à part l’endettement qui y est tout aussi préoccupant. Le chef-lieu jurassien s’essouffle à maîtriser ses dépenses courantes (+3% – Ind. 5) et investit fortissimo (14,3% – Ind. 6). Ce volume est si tonitruant que la ville peine à le financer par ses ressources propres (61% – Ind. 2) et creuse sa dette (+5,1% – Ind. 3). Tout juste réélu, le maire Damien Chappuis (PCSI) devra motiver la nouvelle majorité de centre droit pour corriger les altérations et rendre la partition municipale plus harmonieuse.

Sur l’exercice 2021, La Chaux-de-Fonds ne parvient pas à échapper au 20e et dernier rang. Ses comptes restent toujours sforzandissimo déséquilibrés (95% – Ind. 1) et les nouveaux engagements croissent triple forte (+41% – Ind 3). Si l’on considère encore les ratios d’endettement, le vice-président Jean-Daniel Jeanneret (PLR) a plus d’anicroches que de croches sur sa partition financière. Seul petit soupir de soulagement: les dépenses courantes ont été plutôt bien contenues (+1,4% – Ind 5) avec un effort d’investissement (9,5% – Ind. 6) qui est resté bien soutenu.

>> Le tableau.pdf des finances des communes


Sion: la victoire d’un souffle

Dans le détail, les Sédunois réussissent un 5,624 contre 5,616… En termes sportifs, la victoire s’est jouée à la photo-finish: sur les dix indicateurs, c’est finalement au millième, avec 0,008 point d’avance que Sion triomphe de Lucerne. Si Sion et Lucerne finissent à même pas un quart de ton de différence, leurs Finances s’accordent différemment. Au pied de Valère, les équilibres budgétaires sont particulièrement bien maîtrisés. Les contribuables sédunois paient presque un peu trop d’impôts au regard des charges de la cité (104,7% – Ind. 1).

Sion se distingue aussi par un… tourbillon d’investissements. En chiffres nets, ces derniers y représentent 1 franc sur 8 de dépenses courantes. Et c’est un emballement molto sostenuto puisque ce n’est pas la première année que la municipalité sédunoise investit à tour de bras. Cet effort fortissimo aurait pu coûter la victoire. Sous l’angle de l’endettement, Sion affiche une situation saine, mais devrait quand même dédier presque une demi-année d’impôts pour solder sa dette nette (Ind. 9).

A noter que l’administration sédunoise des Finances n’a pas fait de remarque dans le cadre du Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap.


Lausanne: une dette en mode majeur

Au 11e rang, avec une note de 4,73, Lausanne reste dans la norme de sa moyenne de l’exercice précédent. Les équilibres budgétaires baignent dans l’harmonie. En revanche, les dépenses courantes donnent dans le fugato un peu désordonné (+2,5% – Ind. 5) et des bémols supplémentaires sont apportés par cette incontournable tendance des responsables des Finances de prévoir des rentrées fiscales toujours très basses (-12% – Ind. 7).

Dans ses commentaires apportés au Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap, l'administration des Finances lausannoise estime que l’indicateur 9 «Taux d’endettement net» n’est «pas pertinent, car le calcul de la dette nette est lié aux normes MCH2, alors que les communes vaudoises appliquent encore les normes MCH1».

La ville de Lausanne rappelle aussi que ses comptes intègrent des unités telles que les Services industriels et le Service de l’eau qui représentent environ le tiers des charges et revenus de la ville. «La valeur des immobilisations liées à ces deux entités est intégrée dans l’endettement net alors que les revenus qui en découlent ne sont pas pris en compte dans le calcul du ratio», précise l’administration des Finances lausannoise.


Bienne: à un quart de ton du quinté

Il s’en est fallu de moins que rien pour que Bienne figure dans le quinté de tête du classement des villes sur l’exercice 2020. En effet, la cité seelandaise se classe 6e, avec 5,09 de moyenne, avec juste un centième de point de moins que Fribourg. D’ailleurs, Bienne joue une partition plutôt harmonieuse.

Les seuls (petits) canards proviennent d’une dette qui s’emballe quelque peu (+2,1% – Ind. 3), avec des dépenses courantes qui prennent aussi l’ascenseur (+2,1% – Ind. 5). L’endettement brut jette encore une couleur un peu plus sombre sur la partition biennoise. Il faudrait que la directrice des Finances, Silvia Steidle (PLR), consacre plus de vingt mois de revenus courants pour rembourser cette dette.

L’administration biennoise des Finances n’a pas fait de commentaire dans le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap.


Fribourg: un double dièse sur les rentrées fiscales

Du côté de Fribourg, où le seul élu de droite, Laurent Dietrich (Le Centre), tient les cordons de la bourse, la mauvaise estimation des rentrées fiscales (-15% – Ind. 7) a complètement déséquilibré le compte de fonctionnement (+15% – Ind. 1). Au lieu d’une perte de 2,8 millions, l’exercice 2021 a bouclé sur un bénéfice de 37,1 millions, grâce à 26,2 millions d’impôts en plus. En musique, il faut un double dièse pour une telle élévation, qui perturbe forcément un peu l’harmonie générale et la maîtrise des dépenses courantes (Ind. 5).

Cette hausse surprise a tout de même prestissimo conduit un trio du Centre gauche/PCS à réclamer une ristourne de 350 francs par contribuable. Mais malgré une nette majorité de gauche, le parlement municipal a promptement retoqué cette demande «irrecevable». A noter encore que les paramètres d’endettement sont plutôt bien contenus (Ind. 9 et 19). Ce qui vaut à Fribourg un bel accord final, à 5,10 (5e), un tout petit comma devant Bienne.

L’administration des Finances de la ville de Fribourg n’a pas fait de commentaire dans le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap.


Genève: un brillant renversement d’accord

Après un exercice 2020 calamiteux, la ville de Genève revient au triple forte. Alors qu’elle affichait des comptes 2020 en parfait déséquilibre, elle renoue avec une austérité calviniste de bon aloi. Seul (petit) bémol: des investissements couverts à 85% par ses propres moyens. On peut certes faire mieux, mais c’est déjà confortable.

Sur le plan de la qualité de la gestion, le vert Alfonso Gomez joue un peu trop la fugue dans ses dépenses (+2,3% – Ind. 5) et a déjà pris la sempiternelle habitude des grands argentiers de sous-estimer allegro (-8% – Ind. 7) le produit des impôts. Mais, en fait, la plus grande faiblesse des finances genevoises tient à l’ampleur de sa dette brute: pour l’éteindre, il faudrait y consacrer toutes les recettes courantes pendant un an et demi… Il est vrai que Genève a une solide fortune nette et surtout réussit un brillant renversement d’accord avec une moyenne globale de 5,4 – sans comparaison avec le 4,35 de 2020.

Dans ses commentaires insérés dans le Comparatif publié par l’Idheap, l’administration genevoise juge l’indicateur de la prévision fiscale (Ind. 7) «farfelu» et dénué pour deux raisons. «Tout d’abord, cet indicateur compare la prévision budgétaire portant sur un exercice fiscal avec une comptabilisation comprenant une première estimation de l’exercice fiscal concerné, ainsi que les ajustements concernant les années antérieures. Ensuite, les taxations communales étant effectuées par le canton, la ville de Genève ne dispose pas du détail de sa fiscalité liée aux centimes additionnels, et s’en remet donc aux prévisions fiscales établies par le canton.»


La Chaux-de-Fonds dans les tréfonds

Sur l’exercice 2021, La Chaux-de-Fonds ne parvient pas à échapper au 20e et dernier rang. Par rapport à l’année précédente, sa moyenne s’améliore légèrement, de 3,23 à 3,35, mais ça ne suffit pas pour éviter la lanterne rouge. C’est sa santé financière qui tire la métropole du Haut vers le bas. Ses comptes restent toujours sforzandissimo déséquilibrés (95% – Ind. 1) et les nouveaux engagements croissent triple forte (+41% – Ind 3).

Si l’on considère encore les ratios d’endettement, le vice-président Jean-Daniel Jeanneret (PLR) a plus d’anicroches que de croches sur sa partition financière. Seul petit soupir de soulagement: sur le dernier exercice, les dépenses courantes ont été plutôt bien contenues (+1,4% – Ind 5) avec un effort d’investissement (9,5% – Ind. 6) qui est resté bien soutenu.

Dans un commentaire donné au Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap, la ville de La Chaux-de-Fonds estime que l’indicateur relatif aux engagements supplémentaires (Ind. 3) n’est «pas pertinent». Elle justifie cette appréciation en indiquant que «les comptes 2021 comprennent le transfert d’une participation du patrimoine financier au patrimoine administratif pour un montant de 67 millions de francs, faussant ainsi la variation de l’engagement net». Et l’administration chaux-de-fonnière d’ajouter que ce transfert a également un impact négatif sur l’indicateur du taux d’endettement net (Ind. 9).


Delémont: une note globale en dessous de la moyenne

Antépénultième ex æquo avec Lugano, Delémont souffre aussi, mais pas forcément des mêmes maux, à part l’endettement qui y est tout aussi préoccupant. Le chef-lieu jurassien s’essouffle à maîtriser ses dépenses courantes (+3% – Ind. 5) et investit fortissimo (14,3% – Ind. 6). Ce volume est si tonitruant que la ville peine à le financer par ses ressources propres (61% – Ind. 2) et creuse sa dette (+5,1% – Ind. 3).

Tout juste facilement réélu, le maire Damien Chappuis (PCSI) devra motiver la nouvelle majorité de centre-droit pour corriger les altérations et rendre la partition municipale plus harmonieuse. C’est à ce prix que Delémont pourra espérer un classement plus flatteur que le 17e rang obtenu sur l’exercice 2021.

La ville de Delémont n’a pas fait usage de la possibilité offerte par le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap d’exprimer des remarques par rapport aux chiffres mis en évidence.


Neuchâtel: une note globale en dessous de la moyenne

Au 16e rang avec 3,82, Neuchâtel est la première ville à conclure sur une moyenne insuffisante. Les racines du mal sont assez patentes: trois paramètres budgétaires sur quatre sont en grave déséquilibre. La cité désormais fusionnée vit à crédit et est bien loin de couvrir ses charges (96% – Ind. 1). Elle recourt presque exclusivement à l’emprunt pour financer ses investissements (4,1% d’autofinancement – Ind. 2) tandis que la dette nette part au galop, à un tempo effréné (+9,3% – Ind. 3).

A la tête des Finances, Didier Boillat (PLR) aura fort à faire pour corriger le tir. Quelques premiers dièses se manifestent toutefois déjà en 2021 puisque la ville a joué pianissimo sur les dépenses courantes (-9,6% – Ind. 5). Il conviendra néanmoins de réviser les accords de l’endettement (Ind. 9 et 10) qui demeurent très sombres.

La ville de Neuchâtel n’a pas fait usage de la possibilité offerte par le Comparatif des finances publiques publié par l’Idheap d’exprimer des remarques par rapport aux chiffres mis en évidence.

 

PB
Pierre Ballay