Le rythme de remontée des taux va ralentir l’année prochaine, mais le taux terminal des banques centrales va probablement être plus élevé que ce qui est actuellement escompté. La Fed va ralentir son resserrement monétaire étant donné que les taux sont désormais en territoire restrictif, mais elle devrait remonter ses taux plus haut que ce qui est actuellement prévu compte tenu de la résilience de l’inflation et de l’emploi.

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En effet, malgré un resserrement extrêmement rapide des politiques monétaires, l’impact reste encore très faible sur l’économie. Certains secteurs sensibles aux taux d’intérêt (comme le logement) et certaines entreprises technologiques sans grand intérêt (Peloton, Snap, Carvana, etc.) sont fortement pénalisés par la hausse du coût du crédit, mais, dans l’ensemble, l’économie résiste assez bien à ce resserrement jusqu’à présent. Il faut dire que les agents privés ont profité de plus de dix ans pour se financer à des taux historiquement bas. Le chômage reste globalement le même depuis le début de l’année, à un niveau historiquement bas (3,6%), tandis que l’inflation de base se maintient à des plus hauts de quarante ans, dans une fourchette de 7-8%.

Pour un investisseur, «cash is king»

Cette résilience de l’économie et de l’inflation rend le scénario d’un pivot de la Fed extrêmement peu probable au cours des six prochains mois. Il faudra un certain temps pour que les effets du resserrement se fassent sentir. Pour un investisseur, «cash is king» en attendant un pivot des banques centrales. Certes, le cash est moins rémunérateur que l’inflation (taux de dépôt bientôt à 4% aux Etats-Unis), mais il fait mieux que les actions ou les obligations (-20% depuis le début de l’année). Cette chute des deux actifs traditionnels, actions et obligations, remet en avant l’importance de la gestion active, une classe d’actifs sous-pondérée par les investisseurs.

Certains estimeront que la correction des marchés actions depuis le début de l’année est une bonne opportunité pour se positionner à l’achat, ce qui est sans doute vrai pour les investisseurs de très long terme. Néanmoins, malgré la forte correction des marchés, la prime de risque des marchés actions est à un niveau historiquement bas, de seulement 200 points de base au-dessus du rendement des obligations d’entreprises de première qualité, alors qu’elle est en moyenne de 400 points de base et atteint plus de 700 points de base en période de récession…

Les investisseurs plus actifs peuvent réussir à dégager un meilleur rendement, à condition de savoir lire les marchés. Les marchés baissiers n’évoluent jamais en ligne droite. Ils sont caractérisés par une alternance d’excès de pessimisme et des regains d’espoir, d’où l’importance d’analyser le sentiment des opérateurs à travers le positionnement et les enquêtes d’opinion.

Le marché actions rebondit depuis le mois d’octobre sur fond de spéculation d’un pivot de la Fed et après un pessimisme extrême fin septembre. En effet, le Fear and Greed Index de CNN était inférieur à 25%, la déviation du S&P 500 avec sa moyenne mobile à 50 séances était de trois écarts types et le pourcentage de composantes du S&P 500 inférieur à sa moyenne mobile à 50 séances était inférieur à 10%.

La récession américaine n'a pas encore débuté

Ce rebond n’est vraisemblablement que temporaire et ne devrait pas marquer le début d’un nouveau marché haussier, car un pivot de la Fed semble extrêmement peu probable pour les raisons expliquées précédemment. Si ce rebond se poursuit jusqu’à une résistance majeure, comme la résistance à 3900 points du S&P 500, ce serait donc une opportunité pour alléger son exposition au marché actions, ou même chercher à shorter le marché. En cas de rebond plus important, la prochaine résistance majeure sur le S&P 500 se situerait à 4100 points.

De nouveaux plus bas sont attendus sur les marchés boursiers ces prochains mois. Le S&P 500 terminait ses grandes corrections après le début de la récession américaine et la plupart du temps, trois à cinq mois avant la fin de la récession. Parce que la récession américaine n’a probablement pas encore débuté, compte tenu de la résilience de la production industrielle et de l’emploi, les creux de juin/septembre des indices boursiers seront donc vraisemblablement enfoncés au cours des prochains mois.