«Avec Immostreet en 2000, on est parti d’une feuille blanche. On a inventé le portail immobilier en Suisse romande et créé un modèle économique. Il a fallu expliquer le concept pas à pas, une agence après l’autre. La croissance ne s’est pas faite du jour au lendemain. Au final, 1500 agences immobilières travaillaient avec notre plateforme. Mais le marché suisse était trop petit pour moi. Je rêvais de créer une solution permettant de trouver un bien dans le monde entier. J’ai alors vendu, au bon moment.

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Aujourd’hui encore, je ne peux pas communiquer le montant de la transaction, mais ces fonds m’ont permis de réinvestir dans mon autre société, ListGlobally, qui est devenue Properstar, un Airbnb pour les vendeurs et les acheteurs de biens immobiliers internationaux. Durant deux ans, nous avons développé un algorithme qui cible mieux les besoins des clients, car, sur la plupart des plateformes, on perd un temps fou à chercher ce qui nous correspond vraiment.

Pour me développer, je n’ai pas fait de levée de fonds. J’ai préféré utiliser mon capital, restant ainsi indépendant et agile. J’aime aussi être aux manettes, avec des personnes que je connais et dont certaines me suivent depuis l’époque d’Immostreet. Ensemble, nous avons monté une structure active dans 39 pays, avec plus d’une centaine de collaborateurs dans le monde, dont une quinzaine en Suisse. Une agence immobilière à l’échelle mondiale.

Je vis la moitié de l’année en Australie et l’autre en Suisse. Je travaille avec mon équipe par visioconférence, et ceci depuis bien avant la pandémie. Le seul souci géographique que j’ai eu a été avec les développeurs informatiques basés en Russie. Ils sont désormais au Kazakhstan. Certains ont quitté le pays en quarante-huit heures, pour ne pas être enrôlés dans l’armée.

Chaque mois, Properstar enregistre 4,5 millions de visites, aussi bien de privés qui cherchent un bien immobilier ou souhaitent vendre, que d’agents qui disposent d’une interface complémentaire avec des services payants. On s’attend à 10 millions de visiteurs par mois d’ici à 2025. Notre chiffre d’affaires se fait principalement en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. Nous avions fait une incursion en Asie, avec une société appelée Sodichan, un portail pour les courtiers chinois, mais cela n’a pas marché. Derrière un succès, il y a souvent plusieurs échecs. Il faut connaître ses limites et savoir dire stop. Properstar a d’ailleurs commencé par fermer son bureau au Royaume-Uni. On a rebondi ailleurs, relancé le concept dans le sud de l’Europe. Le marché était plus ouvert ou moins complexe, difficile à dire. Et aujourd’hui, on est gagnant.

L’immobilier est un secteur qui évolue sans cesse. Mon but est d’aider les clients à mieux acheter et à mieux vendre. Pour cela, Realforce, une autre de mes sociétés, créée il y a trois ans, propose une solution digitale qui redéfinit le rôle des agents immobiliers. L’idée est de revaloriser leur travail: ils ne seront plus seulement là pour ouvrir des portes mais pour établir des stratégies de vente, appuyés par l’intelligence artificielle.

On a par exemple un modèle de vente en quatorze jours, avec une commission plus élevée, de l’ordre de 4 à 6%. Le processus est simplifié, rapide. Et lorsque des agences de poids telles que les groupes Gérofinance ou Bernard Nicod sont entrées cette année dans le capital de Realforce, cela a été une confirmation pour nous du bien-fondé de notre stratégie.»

TB
Tiphaine Bühler