L’objectif de l’allocation stratégique est de répondre au besoin de performance de l’institution tout en tenant compte de sa tolérance au risque et de la structure de la caisse, notamment la répartition entre actifs et pensionnés.

En principe, ces allocations stratégiques sont révisées tous les trois à quatre ans. Un changement intervient également lorsqu’un bouleversement important au niveau des perspectives financières à long terme a lieu. Cela a notamment été le cas en 2022 avec le retour de l’inflation en Suisse mais surtout en Europe et aux Etats-Unis. Les nouvelles allocations stratégiques doivent permettre de maintenir le potentiel de performance tout en assurant une saine diversification des actifs. Cette diversification a été fortement mise à mal l’année dernière, car les actions et les obligations ont baissé de concert tout au long de l’année et ce, dans des proportions importantes.

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Les actifs de cash-flows

En règle générale, une caisse de pension définit l’allocation stratégique autour
de trois blocs bien distincts. Les actifs de cash-flows (immobilier direct et hypothèques): ceux-ci fournissent des rendements stables et prévisibles, par contre leur allocation est difficilement modifiable à court/moyen terme (illiquidité). L’immobilier direct est présent dans la plupart des allocations stratégiques, car il permet d’absorber une partie du choc des marchés financiers en 2022. Cette classe d’actifs permet aussi de générer des liquidités régulières. Les hypothèques génèrent des performances stables, avec un risque maîtrisé. L’immobilier direct et les hypothèques peuvent représenter jusqu’à 30% de l’allocation totale des institutions gérées.

Viennent ensuite les actifs liquides (actions et obligations). Ceux-ci permettent un pilotage tactique dans le cadre des marges de manœuvre fixées par le conseil de fondation. Le bloc obligataire offre une rémunération plus élevée qu’il y a encore quelques mois, tandis que le bloc actions permet d’améliorer le rendement: c’est le principal levier pour augmenter la performance et le risque d’une allocation. Les allocations stratégiques distinguent les obligations en francs, les obligations gouvernementales, les obligations d’entreprises, les obligations à haut rendement et les obligations émergentes.

«Reste à  déterminer si l’inflation va s’installer de manière permanente et, si elle se stabilise, à quel niveau.» 

 

Cette granularité permet un pilotage plus fin tout en assurant une meilleure transparence en termes de reporting pour les conseils de fondation. Ces différentes catégories offrent, en effet, des profils de performance et de risque très différents. Récemment, la même démarche a été menée au niveau des actions. Celles-ci ont en effet été divisées entre, d’un côté, les grandes capitalisations et, d’un autre côté, les petites et moyennes capitalisations. Ces derniers segments sont mieux diversifiés et présentent des perspectives de performances intéressantes.

Les actifs non cotés

Finalement, il y a les actifs non cotés comme le private equity, l’immobilier étranger et les infrastructures. Leur mode de valorisation permet une certaine stabilisation (lissage de la volatilité). Les frais sont élevés, voire très élevés, mais les rendements nets sont intéressants. Cependant, des changements d’allocation à court/moyen terme sont difficiles (illiquidité). Ces actifs restent complexes à appréhender et nécessitent des ressources dédiées ainsi qu’un soin particulier dans la manière de les implémenter. Avec le temps, il est constaté qu’ils apportent une réelle diversification tout en étant un moteur important de performance. En moyenne, ces actifs représentent entre 8 et 11% de l’allocation globale.

La diversification sera un élément clé ces prochaines années. Depuis la crise financière de 2008 et le support inconditionnel des banques centrales, le soutien a été important pour les actifs financiers. Nous avons en effet connu une hausse importante des actions et la baisse des taux a permis de générer des plus-values sur les portefeuilles obligataires. L’année 2022 a sonné la fin de cette période «dorée» pour les actifs financiers. Reste à  déterminer si l’inflation va s’installer de manière permanente et, si elle se stabilise, à quel niveau.

Il s’agira d’appréhender ce nouvel environnement avec des «recettes» différentes en termes de diversification et de continuer à vivre avec plus de volatilité et d’incertitudes en raison des problèmes géopolitiques et socio-démographiques.