Vendre son logement en quelques jours à peine? C’est possible grâce à des plateformes spécialisées dans l’iBuying, entendez des solutions rapides pour vendre un bien immobilier ou organiser l’acquisition d’une nouvelle maison. Basée à Nyon, Swifthome garantit l’achat d’une propriété en quinze jours. Déjà bien implantée sur l’Arc lémanique et en Valais, où elle a réalisé une vingtaine de transactions depuis sa création en 2020, elle étend désormais ses activités à Fribourg.

également interessant
 
 
 
 
 
 

Vente rapide

Le processus commence par une estimation en ligne de la valeur du bien. Dans un deuxième temps, une visite avec un expert est organisée afin que celui-ci évalue plus précisément la propriété. Le vendeur reçoit ensuite une offre valable sept jours. Si celle-ci est acceptée, un rendez-vous est pris chez le notaire pour signer l’acte de vente.

«En général, lorsqu’un propriétaire veut vendre, il s’écoule au moins six mois entre sa décision et le moment où il reçoit l’argent sur son compte, souligne le fondateur, Sébastien Page. Or certaines personnes ne veulent pas attendre.» Il peut s’agir d’héritiers, de personnes âgées qui partent en EMS ou de propriétaires souhaitant changer d’habitation et n’ayant pas les moyens d’en financer deux.

Actuellement, la société réalise entre une et deux transactions par mois. Sur ses 20 acquisitions, quatre sont encore en vente. Elle compte cinq employés et travaille avec trois conseillers externes.

A noter que si une personne n’a pas encore quitté son logement, il est possible de procéder à une vente à terme.

Marché de niche

Swifthome n’est pas une agence immobilière classique. Par conséquent, elle n’a pas d’intermédiaires à rémunérer et ne prend pas de commission. La société réalise une marge en achetant les biens 5 à 10% en dessous de la valeur du marché et en procédant à une mise en valeur de ces derniers.

On reste toutefois sur un marché de niche. En Suisse, le taux de propriétaires demeure stable aux alentours de 40%. Par ailleurs, comme le confirme Thomas Veraguth, spécialisé dans l’immobilier chez UBS, afin de faire des estimations rapides du prix au mètre carré, ce modèle demande une certaine standardisation. Ce que l’on ne trouve que rarement en Suisse, sauf dans certains quartiers spécifiques, au contraire des Etats-Unis, d’où vient la tendance de l’iBuying, avec notamment une société comme Opendoor Technologies, qui est cotée en bourse.

«En Suisse, mais aussi ailleurs en Europe, chaque maison tend à être unique», indique le spécialiste. Il rappelle, en outre, que les agents traditionnels ont largement digitalisé leur offre, réduit leurs délais et amélioré la valorisation de leurs biens, ce qui représente une concurrence supplémentaire sur ce segment. De plus, les sociétés d’iBuying doivent ensuite se tourner vers eux pour revendre les biens qu’elles ont achetés en dessous du prix du marché.

Des propriétaires pas pressés de vendre

Thomas Veraguth voit un vivier de clients potentiels au sein de la communauté des expatriés. Un élan pourrait aussi venir d’une crise économique, qui pousserait les propriétaires à vendre rapidement leur bien. «Toutefois, les chiffres aux Etats-Unis et en Suisse ne vont pas dans ce sens. Ils montrent que les gens ne sont pas pressés de vendre. Le stock des maisons en vente est très bas. Cela peut s’expliquer par le faible niveau du chômage et par le fait que la plupart des propriétaires ont fixé leur hypothèque lorsque les taux étaient encore bas. Ils peuvent donc les voir augmenter sans trop de stress.»

Francesco Celentano, professeur assistant à la Faculté des HEC de l’Université de Lausanne et membre du Swiss Finance Institute, rappelle qu’au cours des dernières décennies le développement rapide de la fintech a radicalement changé à la fois la finance et l’industrie immobilière. De nombreuses plateformes ont été créées dans le but de réduire les coûts de transaction des actifs, tels que les biens immobiliers.

Potentiel de croissance

«L’une des principales raisons pour lesquelles ces plateformes ont atteint cet objectif est qu’elles ont été en mesure de réduire le coût de la recherche d’une contrepartie disposée à négocier, ainsi que le temps d’exécution des transactions. C’est la caractéristique principale de Swifthome, qui offre aux propriétaires la possibilité de vendre leur bien immobilier rapidement et d’alléger ainsi le fardeau de la recherche d’une contrepartie.» Selon lui, si l’on considère les tendances observées dans d’autres pays ces dernières années, ce segment présente un bon potentiel de croissance.

Il rappelle cependant que le marché immobilier suisse reste un marché de vendeurs: «Le taux d’accession à la propriété en Suisse a toujours été particulièrement bas, voire l’un des plus bas d’Europe, et le taux d’inoccupation, c’est-à-dire la fraction des appartements et des maisons disponibles pour les locataires, est également bas. Récemment, il a même baissé. Par conséquent, les vendeurs prêts à consacrer du temps et de l’énergie à la recherche de la bonne contrepartie pourraient en tirer profit.»

En résumé, pour lui, le succès futur d’une telle activité dépendra du nombre de personnes qui auront besoin de vendre leurs biens immobiliers rapidement et qui ne seront pas disposées à se donner du mal pour trouver un acheteur potentiel, prêt à payer ce qu’elles demandent.

William Türler
William Türler