Atone, molle. Quel que soit l’adjectif utilisé, la croissance de l’économie mondiale va manquer de tonus ces prochains trimestres. Au-delà de cette image d’ensemble, l’activité résiste mieux aux Etats-Unis – véritable locomotive actuelle de la croissance mondiale – qu’en Europe. En Chine, la consommation interne peine à venir soutenir les exportations pour dynamiser l’économie. Cette situation pèse sur des économies ouvertes comme l’Allemagne, également pénalisée par des facteurs internes, qui pourrait finir l’année en récession. Qu’en est-il de la Suisse?

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Le ralentissement de l’économie suisse était attendu. Il est là. Après un bon premier trimestre (+0,9%), le produit intérieur brut (PIB) a stagné au deuxième. Selon les statistiques diffusées pendant l’été, la tendance à l’affaiblissement devrait se poursuivre. Des signaux négatifs proviennent notamment de l’industrie manufacturière, «sacrifiée» sur l’autel du franc fort au nom de la lutte contre l’inflation. Doit-on craindre une récession? Bien qu’en recul, les indicateurs avancés ne plaident pas pour un tel scénario cette année. Le Secrétariat d’Etat à l’économie évoque une croissance de 1,3% pour 2023 et de 1,2% pour l’an prochain. Et même si ces prévisions paraissent un peu ambitieuses, le cycle économique en cours devrait atterrir en douceur.

La Suisse, comme les Etats-Unis, peut compter sur son marché du travail, sur la consommation privée et plus globalement sur les services pour soutenir sa croissance. Le baromètre conjoncturel du KOF de septembre a confirmé que les secteurs dépendant de la demande intérieure résistaient mieux. Quant à l’emploi, il est appelé à rester le carburant de la consommation, même si le taux de chômage doit légèrement progresser l’an prochain, même si les salaires réels stagnent. D’ailleurs, selon un sondage réalisé auprès des PME vaudoises, les difficultés de recrutement demeurent. Elles apparaissent juste après l’inflation dans les risques qui pèsent sur la poursuite de la bonne marche de leurs affaires. Cela dit, la hausse des prix érode peu à peu le pouvoir d’achat des ménages et les services montrent quelques signes de faiblesse. Des éléments à surveiller pour mieux comprendre la dynamique conjoncturelle des trimestres à venir.

Au cœur des préoccupations, l’inflation évolue désormais dans la plage de stabilité des prix définie par la Banque nationale suisse (BNS). Elle reste cependant proche de la limite supérieure de 2%. La tendance au renchérissement n’est donc pas encore totalement maîtrisée. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à penser aux hausses de loyer attendues ou à l’évolution des prix de l’énergie et leurs conséquences sur la formation des prix de nombreux biens et services.

Dans ce contexte, la BNS s’est montrée très pragmatique en maintenant son taux directeur à 1,75% en septembre. Sa politique monétaire est désormais restrictive, les taux £étant supérieurs au renchérissement. Et, même si des risques de rebond de l’inflation demeurent, elle a aussi constaté les difficultés grandissantes du secteur manufacturier et des exportateurs en général, pénalisés par la force du franc et l’affaiblissement de la demande mondiale.

Ainsi, les dernières statistiques économiques renforcent le scénario de la fin du resserrement monétaire de la part de la BNS. Un «swiss finish» poussant les taux à 2% pourrait en effet coûter cher à la croissance. La fin de la hausse des taux – il n’est cependant pas encore question de baisse de ces mêmes taux – plaide pour une stabilisation de l’évolution du franc, mais à un niveau élevé. Le franc fort, s’il pèse à l’exportation, réduit en effet l’inflation importée. La BNS intervient d’ailleurs sur le marché des changes pour maintenir cet équilibre fragile, mais important pour la résilience de l’activité. Rappelons que le bon travail effectué permet à la Suisse d’afficher un taux d’inflation et un coût de l’argent inférieurs à ceux de ses partenaires commerciaux.