«Je caricature à peine en parlant des Etats-Unis. De l’autre côté de l’Atlantique, avoir fait faillite une fois dans sa carrière signifie certes que votre projet a échoué, mais aussi que vous avez au moins tenté quelque chose. C’est perçu comme un atout, une volonté d’entreprendre alors que chez nous, le mot reste encore tabou et a une connotation dévalorisante. Je parle en connaissance de cause, puisqu’en février 2013 un juge valaisan et, dans son sillage, tous les médias de ce coin de pays et au-delà ont annoncé la faillite de Quinting. A tort. Car notre recours a eu raison du juge et la société n’a jamais été mise en faillite. Mais le mal était fait. Il a fallu souquer ferme pour remonter la pente. D’autant qu’à la même époque deux partenaires en qui j’avais une confiance aveugle ont pillé la société et ont été condamnés.

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Je pourrais aussi parler de la crise financière de 2008, de nos deux augmentations de capital, de mes nuits blanches passées à éplucher l’article 725 alinéa 2 du Code des obligations consacré à la perte de capital et au surendettement ou, pire encore, du déclenchement de la guerre en Ukraine qui nous a fait perdre nos deux plus gros clients, juste avant que le troisième ne ferme du jour au lendemain ses six boutiques, à Dubaï.

Pas la peine de s’épancher. Ce genre de parcours, pas mal d’entrepreneurs le connaissent. Et puis, lorsque j’ai pris le contrôle de la manufacture en 2001, je savais que se faire une place ou plutôt de survivre dans un segment comme l’horlogerie de luxe représenterait un sacré challenge. Un impossible challenge, disait-on autour de moi. C’est précisément pour cette raison que je m’y suis attelé. C’est mon fonctionnement.

Après mon apprentissage de monteur-électricien, on me disait aussi que des études d’ingénieur seraient difficilement accessibles, idem pour obtenir mon master en sciences économiques. Aujourd’hui, j’ai 63 ans, je suis toujours là et Quinting aussi. Plus que jamais même, puisque vingt-cinq ans après son lancement, notre mouvement mystérieux qui nous permet de produire des montres 100% transparentes et incopiables reste unique au monde. Alors, malgré les turbulences, permettez-moi d’en être très fier. Quand je vois des photos des conseillers fédéraux Couchepin, Deiss, Schmid et Leuenberger portant notre modèle de la paix, La Colombe, à leur bras, ou encore de Kofi Annan, Silvio Berlusconi, le roi Hassan II du Maroc ou encore Bill Clinton et Vladimir Poutine, c’est ma plus belle récompense.

Enfin, une de mes plus belles. Parce que lorsqu’une griffe comme Hermès nous demande de lui manufacturer une horloge de table mystérieuse ou que Christian Dior, qui fait partie de la prestigieuse constellation LVMH aux côtés notamment de TAG Heuer et de Zenith, qui a manufacturé des milliers de mouvements pour Rolex, nous commande une série de 500 montres, là, il faut m’attacher pour éviter que je m’envole. A l’atterrissage, je me dis que ça valait la peine de s’obstiner, que mes soucis sont finalement peu de chose à côté de ces moments de bonheur intense…»

Dates clés

16 juin 1960
Naissance à Monthey.

Juin 2000
Rachat de la société à la famille allemande Quinting.

 

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Christian Rappaz, journaliste
Christian Rappaz