En principe, la réponse à la question de savoir combien d'argent il faut avoir de côté est simple: plus on en a, mieux c'est. Toutefois, cela n'est pas très pertinent pour déterminer si le montant effectivement économisé est suffisant.

Pour y voir un peu plus clair, il convient de se référer à la somme que les personnes du même âge ont épargné. Les données à ce sujet proviennent notamment de l'enquête sur les revenus et les conditions de vie (SILC). Pour cette étude, l’Office fédéral de la statistique interroge chaque année environ 8000 ménages en Suisse sur différents thèmes. 

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La fortune a été définie de manière à inclure non seulement l'immobilier, les comptes bancaires, les placements financiers et les objets de valeur, mais aussi le pilier 3a. Les données se réfèrent à la personne du ménage disposant du revenu le plus élevé.

Les médianes suivantes ont été calculées pour les différents groupes d'âge. En d’autres termes, celui ou celle qui possède exactement ce montant est plus fortuné que 50% de ses contemporains et moins fortuné que les autres 50%.

  • 16 500 francs pour les 21-25 ans
  • 27 000 francs pour les 31-35 ans
  • 72 000 francs pour les 41 à 45 ans
  • 89 000 francs pour les 51 à 55 ans
  • 190 000 francs pour les 61 à 65 ans

Ces statistiques sont toutefois qualifiées d'expérimentales, ce qui laisse entendre que l'on n'est pas tout à fait sûr des données. Ce n'est pas étonnant, car la plupart des gens ne sont peut-être pas conscients de leur fortune exacte lors d'une telle enquête (elle a lieu par téléphone). La plupart du temps, ils n'ont une vue d'ensemble de leur patrimoine qu'une fois par an, lorsqu'ils remplissent leur déclaration d'impôts.

C'est pourquoi Handelszeitung a comparé ces résultats avec une étude de l'Office statistique du canton de Zurich, dans laquelle les données fiscales d'un demi-million de ménages (dont les habitants ont vécu dans le canton de Zurich de 2006 à 2015) ont été examinées. Les données fiscales ne comprennent pas les avoirs du pilier 3a, car ils ne sont pas imposés en tant que fortune dans la déclaration d'impôt. Cela distingue quelque peu les résultats obtenus de l’étude SLIC. Mais, dans l'ensemble, les deux enquêtes sont relativement concordantes. Voici les fortunes médianes tirées des données fiscales dans le canton de Zurich.

  • A l'âge de 25 ans, pas plus de 0 franc
  • A l'âge de 35 ans, environ 25 000 francs
  • A l'âge de 45 ans, environ 70 000 francs
  • A l'âge de 55 ans, environ 100 000 francs
  • A l'âge de 65 ans, environ 300 000 francs

Dans les deux enquêtes, c'est entre 55 et 65 ans que la fortune augmente le plus. Dans le deuxième cas, la fortune médiane triple même, passant de 100 000 à 300 000 francs. Cette augmentation s'explique par deux facteurs. D'une part, les personnes de cet âge héritent souvent. D'autre part, après la retraite, les avoirs du pilier 3a deviennent imposables et entrent par conséquent dans la fortune. Et les avoirs des caisses de pension, qui ne sont pas perçus sous forme de rente mais de capital, sont également visibles dans le patrimoine.

Celui qui est riche reste presque toujours riche

Non seulement les fortunes sont les plus élevées lors du passage à l'âge de la retraite, mais elles ne diminuent guère par la suite. C'est une indication de la grande exigence de sécurité des personnes retraitées en Suisse. Elles ne semblent guère vouloir épuiser leur fortune. En outre, elles semblent également bien placer leur argent.

Pour atteindre le sommet de l’échelle, il faut disposer de 4,5 millions de francs. Selon les statistiques fiscales du canton de Zurich mentionnées plus haut, ce montant permettait de faire partie du 1% les plus fortunés. Aujourd'hui, il faut déjà compter avec 5 millions de francs.

Il est toutefois extrêmement difficile d'atteindre ce seuil, comme l'indiquent les auteurs de l'étude. Il est rare que quelqu'un passe de la moitié inférieure de la fortune aux sphères les plus élevées. La mobilité de la fortune en Suisse est donc nettement plus faible que celle des revenus.

Il est encore plus rare de passer du 1% le plus riche à la moitié la moins fortunée. Cela n'arrive qu'à une personne sur cent par décennie. Les personnes riches restent généralement riches.

Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung.

Harry Büsser
Harry Büsser