A l’heure des cryptomonnaies et de l’essor des paiements par Twint, les Suisses semblent rester encore très attachés à une pièce de monnaie dont les racines remontent à 1897: le vreneli. On estime à quelque 58 millions le nombre de ces pièces d’or en circulation, à la valeur nominale de 20 francs, dont les derniers exemplaires ont été frappés en 1949 – une version à 10 francs a aussi été produite entre 1911 et 1922. Et si ces pièces de monnaie ne sont plus un moyen de paiement agréé par la Confédération, il n’est pas rare de voir des privés se lancer dans la commercialisation de pièces de collection inspirées des vrenelis d’antan.

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Parmi les récents exemples en date, le Silbervreneli, lancé par deux Zurichois. «Les vrenelis font partie intégrante de la culture suisse. Dans le passé, chaque enfant recevait un vreneli en or comme cadeau de la part de ses grands-parents, de son parrain ou de sa marraine lors de sa confirmation. Mais à l’époque, c’était abordable alors qu’aujourd’hui il vaut aux alentours de 360 francs», explique André Rauch. Ce dernier mûrit l’idée depuis une dizaine d’années de créer une version moins onéreuse, en argent, et fabriquée entièrement en Suisse.

Près d’une année de recherches a été nécessaire avant que le projet n’aboutisse. «Il a fallu se renseigner auprès des autorités à Berne afin de savoir ce qui était autorisé ou non en matière de design, chercher une fonderie, que nous avons trouvée à Lucerne, ainsi qu’un fournisseur d’argent. J’ai alors opté pour la raffinerie tessinoise Argor-Heraeus.» A noter que le vreneli traditionnel en or est personnifié par une sorte de «Marianne suisse» rebaptisée affectueusement en allemand «petite Verena». La version en argent s’en inspire graphiquement, avec le visage d’une jeune femme de profil et les montagnes suisses en toile de fond, qu’André Rauch a fait breveter.

En 2022, une série de 500 pièces, composées à 99,9% d’argent pur, est lancée, «pour tester le marché». Au vu du succès, 1500 pièces sont commercialisées en 2023, suivies en ce début d’année de 2500 nouvelles pièces – dont 1000 dans une version miniature, baptisée «piccolo», à 44 francs au lieu de 99 francs pour le vreneli plus grand. «Je reçois des messages et des appels de toute la Suisse. Parfois des personnes âgées m’appellent et me racontent longuement leurs souvenirs d’enfance liés aux vrenelis. La valeur affective autour de cet objet est immense.»

Pour l’heure, André Rauch, à la tête de sa propre société, Help Media, une plateforme publicitaire, consacre 20 à 30% de son temps à cette activité, qu’il gère désormais seul. Les ventes se font uniquement en ligne, sur le site silbervreneli.ch (dont la version en français est prévue début mars), mais le Zurichois nourrit de nombreux projets de déclinaisons de ses vrenelis et réfléchit au développement de leur distribution. «Les vrenelis ne sont connus que des Suisses mais ils pourraient aussi devenir un souvenir typique que les touristes ramèneraient chez eux. Je songe à des points de vente dans les gares, notamment à Interlaken ou à Zermatt.»

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Elisabeth Kim