«Avant de créer The Positive Project, j’ai travaillé pendant onze ans pour deux grands cabinets d’audit. La gestation du projet a commencé alors que j’étais enceinte de ma première fille. A cette période, en 2014, je suivais aussi une formation en environnement en cours d’emploi donnée par le WWF. Une remise en question assez fondamentale s’en est ensuivie. Mon activité au quotidien consistait jusque-là à aider les entreprises à payer moins d’impôts, à maximiser leurs profits... J’ai alors réalisé que d’autres entités étaient touchées sans que ces impacts soient pris en compte.
Plus le moment de mon retour au travail approchait, moins je me sentais alignée avec les objectifs de mon employeur. Je ne suis jamais revenue de mon congé maternité. Je ne suis pas une entrepreneuse-née, je dirais même que je suis plutôt allergique au risque. Après ce break, j’ai donc travaillé d’abord pour l’Etat de Vaud dans le domaine de la durabilité. J’ai ensuite rejoint l’ONG Pesticide Action Network. En 2016, j’ai été élue, à ma grande surprise, au Conseil communal de Lausanne pour les Vert-e-s.
Mais je trouvais dommage de couper mes liens avec le monde des entreprises. Mes compétences en finance et en durabilité pouvaient leur être utiles. De là est né The Positive Project en 2018. J’ai commencé par accompagner plusieurs sociétés dans leur certification B Corp et dans la mise en place de stratégies de durabilité. Autre porte d’entrée, des mandats de consolidation, de fusion ou de soutien à la gestion financière en tant que CFO externe.
Pendant les premières années, je n’ai jamais eu besoin de faire la moindre publicité. Et j’ai aligné de très beaux mandats. Par exemple avec le groupe ESH Médias ou la PME familiale de nettoyage Blanc. Sa jeune directrice s’est engagée à fond pour une certification B Corp. Je travaille aussi avec les labels EcoVadis, EcoEntreprise et le modèle de la permaentreprise. Nous proposons de plus d’intégrer la nature ou les générations futures dans la gouvernance des organisations.
L’année 2024 a marqué un tournant. Avec l’arrivée au pouvoir et la montée en puissance de partis d’extrême droite dans plusieurs pays d’Europe, la mise en œuvre de la directive européenne sur le reporting extra-financier a été retardée. Du coup, le Conseil fédéral a temporisé. Bon nombre d’entreprises en ont profité pour ralentir le mouvement. Le refus de l’initiative populaire sur les limites planétaires témoigne, lui aussi, d’un retour de balancier encore amplifié par la situation géostratégique.
Il faut revoir notre argumentation sur la transition écologique. Les impacts du réchauffement climatique ou des pesticides sur leur santé touchent plus les gens que des concepts un peu abstraits et éloignés de leur vie quotidienne. Les inondations à Sierre, la catastrophe de Blatten, les sécheresses… font aussi réfléchir. Dans bon nombre de sociétés, j’observe, malgré les incertitudes, une reprise des actions pour s’adapter aux nouvelles normes. Elles vont de toute façon s’imposer à terme. Les entreprises en avance jouiront alors d’un avantage compétitif. C’est une affaire de convictions et d’analyse de risques.»
1981
Naissance à Lausanne.
HEC Lausanne.
Travaille ensuite chez KPMG puis PwC jusqu’en 2014.
2018
Fondation de The Positive Project.