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L'investisseur en chef de Raiffeisen Matthias Geissbühler met en garde contre une bulle de l'IA en bourse.
Matthias Geissbühler (50 ans) est Chief Investment Officer du groupe Raiffeisen. Depuis 2018, il y développe les activités de placement.
Daniel AmmannPublicité
Oui, nous nous trouvons dans une bulle. La question est de savoir si elle est au début, au milieu ou déjà proche de la fin. Les actions technologiques intègrent aujourd'hui de fortes attentes pour l’avenir. Les «Magnificent 7» ont un ratio cours/bénéfice de 36, le marché de même pondération en est à la moitié. Le secteur technologique représente 46% du S&P 500. Nous avons vu de telles valeurs au pic de la bulle dotcom.
Si, mais les attentes sont aujourd'hui exagérées. Prenez Nvidia: l'entreprise vaut 4200 milliards de dollars en bourse. La valeur de marché de toutes les actions suisses cotées n'atteint même pas la moitié de ce montant. Il est pourtant clair que les taux de croissance de Nvidia doivent être revus à la baisse: un jour, tous les centres de calcul seront construits.
Depuis fin 2022, les «Magnificent 7» ont investi environ 1000 milliards de dollars dans l'infrastructure de l'IA. En 2025, OpenAI prévoit un chiffre d'affaires de près de 15 milliards de dollars et une perte de 9 milliards. Le seuil de rentabilité n'a pas été envisagé pour les prochaines années. On ne gagne donc pas d'argent actuellement avec l'IA. C'est un signal d'alarme. On ne sait pas pour l'instant comment ces investissements gigantesques pourront être transformés en croissance durable. C'est un gigantesque pari sur un avenir radieux.
Certes, on voit dans l'IA un énorme potentiel. Mais c'est aussi un instinct grégaire. Si le concurrent investit 100 milliards dans l'IA, c'est la solution stratégique la plus simple pour lui emboîter le pas. C'est ainsi que les choses s'accélèrent. C'est une course à l'armement.
Oui, mais leurs flux de trésorerie diminuent déjà rapidement.
Les actionnaires soutiennent la stratégie. Mais au cours des deux ou trois prochaines années, les groupes devront livrer la marchandise. Si les investissements ne se traduisent pas par un chiffre d'affaires et des bénéfices significatifs, les investisseurs perdront patience.
Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Bilanz.
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