Quelles ont été vos motivations au moment d’abandonner le diesel pour du gaz naturel compressé (GNC)?
Il y a six ans environ, nous avons décidé d’orienter nos activités vers des solutions énergétiques plus respectueuses de l’environnement. À la même période, j’ai rencontré le responsable d’une entreprise genevoise de méthanisation, qui projetait de produire du biogaz à partir de résidus organiques locaux. J’ai été emballé par l’idée, qui était en phase avec notre vision du métier. Dans l’attente de la concrétisation de ce projet local, nous avons opté pour un renouvellement de notre flotte avec des poids lourds fonctionnant au GNC (76,4% de gaz naturel et 23,6% de biogaz). Cette solution permet déjà à chacun de nos camions d’émettre moins de substances nocives et c’est déjà une petite victoire.

Pourquoi ne pas avoir choisi des véhicules électriques?
À cette époque les camions électriques n’étaient pas une option réaliste, car les coûts d’acquisitions, leur fiabilité et leur capacité de travail n’étaient pas compatibles avec nos besoins. Actuellement l’électricité et l’hydrogène deviennent progressivement des alternatives crédibles que nous suivons de près dans le cas où le projet biogaz local n’aboutirait pas. Au-delà des aspects économiques ou opérationnels, nos activités de transport ont un impact sur l’environnement. Nous avons la chance de pouvoir faire des choix qui vont dans le sens de réduire cet impact, et cela est motivant. Selon moi, l’utilisation du GNC, déjà sensiblement plus écologique que le diesel, est une solution de transition. Dans un avenir proche, j’espère vivement que tous nos véhicules pourront rouler entièrement avec du biogaz produit localement.

Gaznat
© Gaznat

D’un point de vue opérationnel, y a-t-il une différence entre le diesel et le GNC?
Aujourd’hui, il n’y a presque aucune différence pratique entre les camions roulant au diesel et au GNC. Les véhicules ont la même puissance et sont fonctionnels. Ils sont moins bruyants, les chauffeurs sont satisfaits, les coûts d’exploitation sont inférieurs. Aujourd’hui, les camions au GNC répondent donc parfaitement à nos besoins. J’essaie de promouvoir cette solution partout, car moins il y aura de camions roulant au diesel, mieux ce sera pour l’environnement. Je trouve dommage que le GNC et le biogaz n’aient pas plus d’attrait, car il s’agit d’une véritable alternative par rapport aux carburants traditionnels.

Que pensez-vous de la motion, acceptée par les chambres fédérales, visant à réduire la redevance poids lourd liée aux prestations RPLP pour les camions roulant au biogaz et au biogaz liquéfié (bio-GNL)?
Il est évident qu’aujourd’hui, du point de vue de la RPLP (une taxe qui est fonction du poids total du véhicule, de sa catégorie d’émission et du nombre de kilomètres parcourus en Suisse et au Liechtenstein, NDLR), un camion roulant au GNC coûte plus cher qu’un camion au diesel. Il faut savoir aussi qu’un camion GNC coûte environ 10 à 15% plus cher à l’achat que des modèles diesel comparables. En contrepartie, cependant, les coûts d’exploitation diminuent, car la consommation de carburant est plus faible. Selon moi, le passage au GNC reste donc économiquement intéressant, même en l’état actuel de la législation. Cela dit, une subvention de la Confédération sous la forme d’une réduction de la redevance poids lourds serait indéniablement bénéfique à l’industrie et au climat. Elle permettrait sans doute de faire franchir le pas aux transporteurs qui hésitent encore.

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