Se tenant dans l'ancien bassin minier de Lens, tout près de Douvrin qui doit accueillir l'une des dizaines de "giga-usines" de batteries prévues sur le vieux continent, les discussions informelles des ministres et commissaires européens porteront notamment sur les moyens de renforcer l'autonomie du continent en lithium, nickel, graphite ou cobalt, ainsi qu'en aimants permanents destinés aux éoliennes.

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Nécessaires pour stocker et faire circuler l'électricité, ou pour améliorer le rendement des anodes, à l'intérieur des batteries, ces métaux sont jugés absolument critiques pour permettre à l'industrie automobile de supprimer d'ici 2035 les moteurs à combustion qui réchauffent la planète depuis un siècle.

Or l'Europe n'en produit quasiment pas et doit presque tout importer.

Comme "nous avons une vraie dépendance aux matières fossiles pour les voitures actuellement" (...) "on ne voudrait pas passer d'une dépendance à une autre", souligne-t-on au cabinet de la ministre française de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, puissance invitante de la réunion européenne.

D'ici 2030, l'Europe vise 25% de la production mondiale de batteries (contre 3% en 2020). L'explosion des besoins en métaux sera particulièrement sensible pour le cobalt et le graphite.

Leur consommation devrait plus que doubler en Europe, à respectivement 83'000 et 610'000 tonnes par an, et celle du lithium devrait décupler à 61'000 tonnes, selon un rapport présenté devant les ministres par l'industriel Philippe Varin, dont l'AFP a obtenu copie partielle.

Dans ces trois filières, la Chine domine totalement le marché -première productrice et souvent première consommatrice- ayant anticipé le tournant électrique de la planète depuis 20 ans en mettant la main sur de nombreux sites d'extraction minière et en multipliant les usines de raffinage, et maintenant de batteries.

Diviser le coût par deux

Pour évoquer les problèmes d'approvisionnement, les ministres écouteront notamment les témoignages de trois industriels au cours de tables rondes, le suédois NorthVolt, qui a inauguré fin 2021 la première giga-usine de batteries lithium-ion sur le sol du vieux continent destinée à concurrencer l'Américain Tesla, le groupe français Caraester, spécialiste du recyclage d'aimants, et l'autrichien Wolfram, qui exploite une ligne de tungstène et présentera les enjeux du potentiel extractif européen.

L'enjeu d'approvisionnement est crucial pour les constructeurs automobiles européens engagés dans la filière batteries. Allié à Nissan et Mitsubishi, Renault pense "réduire par deux le coût des batteries d'ici 2030", a indiqué vendredi son patron Jean-Dominique Senard.

Au menu des solutions, figurent notamment la constitution de "plateformes" d'importation auxquelles seraient liées des usines de raffinage européennes. L'Europe compte aussi beaucoup sur le recyclage des batteries usagées et l'économie circulaire pour se créer ses propres gisements de métaux et terres rares nécessaires au développement de la filière.

Même si le recyclage ne pourra réellement débuter qu'à la fin de la première génération de batteries, "ceci doit être anticipé dès maintenant", plaide une source industrielle.

Sur le sujet du lithium, quatre projets de mines existent en Europe: Cinovec en République tchèque, porté par European Metals, Keliber en Finlande par Keliber Oy, Wolfsberg en Autriche par European Lithium, et enfin un projet en Allemagne, Zinnval, porté par Deutsche Lithium, indique la Commission. Ces quatre projets pourraient couvrir 80% des besoins européens pour les batteries à terme.

Le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, présent à la réunion, mène par ailleurs "des discussions avec la Serbie", voisine de l'UE, qui vient de rompre ses négociations avec le géant australien Rio Tinto pour l'exploitation controversée localement d'une mine de lithium, indique-t-on au cabinet d'Agnès Pannier-Runacher.

Ce sera sans doute le défi le plus important à relever pour l'Europe: trouver les moyens de parvenir à réaliser ou d'encourager une exploitation minière selon des normes "environnementales et sociales" ambitieuses.