Les plantes établies de longue date dans les zones humides et les prairies maigres ont régressé, tandis qu’en moyenne, les espèces allochtones – ou néophytes – sont devenues plus abondantes. Parmi elles, 66% se sont propagées. Chez les espèces autochtones, moins de 10% y sont parvenues, selon cette étude menée par des scientifiques de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) et de l'Université de Zurich.

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"Nous avons grandement bénéficié de l'existence de données solides sur la flore historique pour le canton de Zurich", explique Thomas Wohlgemuth, du WSL, cité mardi dans un communiqué de l'institut. Les spécialistes ont pu se baser sur plus de 19'000 relevés individuels datant de la période 1900-1930, qui ont permis une comparaison directe avec la flore actuelle.

Les chercheurs ont analysé pour 1757 espèces de plantes - 1475 autochtones et 282 néophytes - les "valeurs indicatrices", notées selon un barème de 1 à 5, concernant la température, l'humidité, la lumière ou les nutriments requis. Ils ont fait la moyenne des valeurs indicatrices de différents groupes, par exemple celles des plantes autochtones et celles des néophytes.

Conclusion: ce sont les secondes qui profitent le plus clairement de l'évolution des conditions environnementales dans le canton, note Daniel Scherrer, collaborateur scientifique au WSL et premier auteur de l’étude.

Leur présence accrue dans les habitats chauds, secs et riches en nutriments reflète l'intensification de l'agriculture et l'expansion de l'urbanisation, ainsi que l'assèchement qui en découle dans de nombreuses zones humides.

Un signal climatique clair

Le changement d'affectation des sols n'est pas le seul facteur à l'origine de ce constat: "La progression des néophytes est aussi liée au fait qu'il fait plus chaud", ajoute Daniel Scherrer. Les chercheurs ont ainsi réussi à mettre en évidence un signal climatique dans l’évolution de la flore en plaine, là où, jusqu'à présent, il était difficile de séparer l'influence du climat de celle de la modification d’utilisation des terres.

La comparaison des valeurs indicatrices et des caractéristiques globales de répartition des néophytes et des espèces autochtones a révélé une différence d'environ 1,8 °C dans leurs préférences de température. Cela correspond à peu près à l'augmentation de 2 °C mesurée dans le canton de Zurich depuis l'époque préindustrielle.

"Mais on ne peut pas établir de lien de cause à effet: de nombreuses néophytes étaient déjà présentes avant 1900 et d'autres ne sont apparues qu’au cours des dernières décennies", conclut Daniel Scherrer. "Il est cependant très intéressant de voir que les chiffres correspondent", selon lui. Ces travaux sont publiés dans la revue Ecological Indicators.

A
ats