Pour la première fois, les prétendants ont participé à des auditions publiques en janvier auprès des 56 membres de l'organe de surveillance, répartis entre les gouvernements, les patrons et les syndicats. Jamais une femme n'a dirigé l'Organisation internationale du travail (OIT) en plus de 100 ans de cette institution, l'une des plus anciennes du système multilatéral.

Deux sont en lice, mais il n'est pas certain que l'une d'entre elles puisse décrocher un mandat de cinq ans. La Corée du Sud est en embuscade avec son ex-ministre des Affaires étrangères, Kyung-wha Kang, la première femme à avoir occupé ce poste.

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Mais selon certains, cette candidature est prévue pour la positionner avant la succession probable de la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet dans quelques mois. L'ex-ministre avait été numéro deux du Haut-Commissariat il y a une quinzaine d'années.

Dans ses déclarations, elle a beaucoup insisté sur les droits humains ou sur sa lutte contre le harcèlement sexuel, l'un des chantiers récents de l'OIT. Autre prétendante, l'ancienne ministre française du Travail Muriel Pénicaud a mené une campagne active, mais cumule plusieurs obstacles.

Ancien Premier ministre favori

Premier d'entre eux, l'Europe a souvent dirigé l'OIT, comme le continent américain. Autre problème, Mme Pénicaud n'est pas soutenue par les syndicats de son pays et a souvent été raillée pour ses interventions publiques. Elle voit dans l'OIT un "régulateur social" face aux défis mondiaux.

En plus des deux femmes, trois hommes sont également candidats. L'ancien Premier ministre togolais Gilbert Houngbo fait figure de favori parmi eux. Avec de nombreuses activités dans les organisations internationales, il a déjà été numéro deux de l'OIT et pourrait devenir le premier Africain à diriger l'institution.

Il a notamment mis en avant la lutte contre le travail de plus de 150 millions d'enfants dans le monde ou encore son souhait d'étendre le financement de la protection sociale. Face à lui, le Sud-Africain Mthuzi Mdwaba, vice-président de l'OIT et représentant de l'Organisation internationale des employeurs (OIE), n'est plus soutenu par son gouvernement. Il souhaite une institution qui peut soutenir chacun efficacement dans le monde du travail.

Mécanisme commun avec l'ONU

Dernier en lice, l'Australien Greg Vines a aussi déjà oeuvré au sein de l'OIT, comme directeur général adjoint puis comme président du Conseil de l'organisation. Il se revendique en candidat du "consensus".

Quelle que soit l'identité du prochain patron ou de la prochaine patronne, l'organisation devra faire face au défi d'accompagner les gouvernements pour la relance du marché du travail après la pandémie.

La communauté internationale doit unir ses forces pour "un nouveau monde post-Covid", avait affirmé récemment le président de la Confédération Ignazio Cassis au début d'une réunion sur cette question. Il a appelé à un multilatéralisme qui lie travail, santé, environnement, commerce et sécurité.

L'ONU et l'OIT ont lancé un mécanisme pour financer 400 millions d'emplois supplémentaires et la protection sociale pour des milliards de personnes. Une relance centrée sur l'être humain va d'emplois décents à des emplois verts en passant par un accès équitable au vaccin contre le coronavirus.