Dans un marché toujours tendu, les investisseurs craignaient la perspective de nouvelles sanctions européennes contre la Russie, après les macabres découvertes dans les zones reprises par l'armée ukrainienne, ce qui pourrait affecter les exportations russes.

Peu après 09h00, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin se négociait à 108,81 dollars, soit une hausse de 1,19%, se rapprochant du seuil de 110 dollars. La veille au soir, il avait bondi de 3,00% à 107,53 dollars.

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Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, il valait 104,59 dollars, en hausse de 1,27%, après avoir décollé lundi soir de 4,03% à 103,28 dollars.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit s'exprimer mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, après la découverte de massacres imputés aux forces russes près de Kiev, et notamment à Boutcha où il s'est rendu lundi. Le dirigeant, qui a dénoncé des "crimes de guerre" et un "génocide" après la mise à jour de dizaines de cadavres portant des vêtements civils à Boutcha et dans d'autres localités près de la capitale ukrainienne, interviendra devant le Conseil de sécurité pour la première fois depuis l'invasion de son pays par la Russie le 24 février dernier.

Nouvelles sanctions en vue

Moscou a nié toute responsabilité, assurant la présentation de "documents" montrant, selon elle, la "vraie nature" des événements intervenus à Boutcha. La découverte de ces "crimes de guerre" a provoqué l'indignation des alliés occidentaux de l'Ukraine qui ont promis de nouvelles sanctions "cette semaine" contre la Russie.

"Il faut qu'il rende des comptes", a affirmé lundi le président américain Joe Biden, à propos de son homologue russe Vladimir Poutine, en répétant qu'il le considérait comme un "criminel de guerre". Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a dit de son côté que les discussions entre alliés sur de nouvelles sanctions portaient notamment sur de possibles mesures "en lien avec l'énergie", sujet sensible pour les Européens, très dépendants du gaz russe.

L'Allemagne a ainsi précisé lundi qu'elle ne pouvait pas se passer des livraisons de gaz russe "à court terme", par la voix de son ministre des Finances, Christian Lindner. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, avait appelé plus tôt les dirigeants des 27 à instaurer des "embargos contraignants" sur les importations énergétiques russes. Le président français Emmanuel Macron a lui mentionné des mesures concernant "le charbon et le pétrole".

"C'est ça qui tire le marché aujourd'hui", a affirmé Michael Lynch, président du cabinet Strategic Energy & Economic Research (SEER). "Ces réactions aux atrocités et le potentiel de sanctions encore plus dures et/ou les clients européens refusant de plus en plus le pétrole russe, ce qui tendrait encore davantage le marché". Les importations russes en Europe représentent environ 4,5 millions de barils par jour, dont 3,1 de brut et le reste de produits raffinés.

Confinement à Shanghai

Ces tensions ont plus que compensé une série d'éléments qui auraient pu peser sensiblement sur les cours. La Chine a enregistré dimanche le plus grand nombre de cas de Covid-19 depuis le pic de la première vague, début 2020, et plusieurs millions de personnes restaient confinées lundi, notamment la quasi-totalité de Shanghai.

A cela s'est ajouté l'accord sur une trêve de deux mois dans le conflit au Yémen, qui menaçait de déborder sur l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux grands producteurs de pétrole récemment visés par des attaques des rebelles Houthis.

Dernier facteur susceptible de soulager les cours, l'annonce des Etats-Unis jeudi, suivie de celle des autres pays membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), d'une utilisation exceptionnelle et massive de leurs réserves stratégiques. "Il y a le sentiment que cette décision sera loin de suffire pour compenser la baisse des exportations russes", a estimé, dans une note, Susannah Streeter.