"La Ville a voulu mettre le point final en levant toute ambiguïté", a indiqué mardi à La Chaux-de-Fonds le conseiller communal Jean-Daniel Jeanneret, en charge des finances. En 2007, le contexte des taux d'intérêt était complètement différent d'aujourd'hui où ceux-ci sont restés négatifs des années durant.

Les finances communales se trouvaient à la peine, avec un budget déficitaire de 12,7 millions de francs. "Chaque franc comptait alors", s'est rappelé Jean-Daniel Jeanneret, ancien "Monsieur Unesco" de la ville. L'opportunité de profiter de taux avantageux a décidé le conseil communal de contracter les emprunts incriminés.

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La banque allemande Depfa lui proposait une offre "attrayante", à une époque où le taux interbancaire moyen à 15 ans se situait à 4,3%, marge bancaire comprise. Le premier emprunt portait sur 20 millions de francs et résultait de la consolidation de deux emprunts antérieurs de 10 millions chacun, le second sur 30 millions.

Appréciation du franc

Celui de 20 millions de francs causera le plus gros souci, avec des taux d'intérêt calculés via une formule intégrant la relation entre l'euro et le franc suisse. Le problème est que la crise financière de 2008 va faire s'apprécier la devise helvétique, la monnaie unique franchissant un cap fixé à 1,43 franc, contre 1,67 franc en 2007.

L'époque est encore celle du taux plancher de la BNS de 1,20 franc pour un euro, entre 2011 et 2015. Ensuite, l'euro décroche sous 1,10 franc pour dépasser à peine la parité aujourd'hui. Dès 2014 et la fin de taux bloqués, la Ville a dû payer huit échéances avec des taux d'intérêt élevés, après le taux de 2,63% entre 2007 et 2014.

Sans entrer dans les détails, le second prêt présentait pour sa part un mécanisme moins défavorable. Au final, hors les remboursements survenus via le recours à des emprunts "classiques", la Ville aura payé 32,6 millions de francs d'intérêts pour l'emprunt de 20 millions, ce qui représente un taux moyen de 10,88% sur 15 ans.

"Taux usuraires"

Le deuxième aura nécessité 4,6 millions de francs d'intérêts, auxquels s'ajoute une prime de sortie de 3,8 millions en mars, pour un taux moyen de 1,86%. "Plutôt une bonne affaire", a dit le conseiller communal, au regard de la déconfiture du premier. Actuellement, dans un contexte de remontée des taux, un emprunt se négocie à 2%.

Le dénouement pour l'emprunt de 30 millions s'appuie sur une renégociation voulue par FMS, l'institut qui a repris en 2014 la banque Depfa, en faillite. Il a voulu assainir son bilan. L'ultime tranche d'intérêts de l'emprunt de 20 millions, à 20,78%, un record, sera de son côté versé le 13 juin, pour plus de 4,2 millions.

La provision de 22 millions de francs, constituée en 2015 et destinée à couvrir les risques liés à cet emprunt structuré, a été utilisée pour 20,7 millions pour l'emprunt de 20 millions et pour 1,3 million pour l'emprunt de 30 millions. C'est donc la fin d'un épisode douloureux pour les finances de la Métropole horlogère.

Epée de Damoclès

"On n'a pas les moyens de jouer à ce jeu-là", a conclu Jean-Daniel Jeanneret, pour qui il y a eu une erreur de jugement originelle. A ses yeux, "c'est le grand enseignement pour l'avenir. Les emprunts toxiques, c'est fini". Le grand argentier de la Ville en 2007 était Laurent Kurth, conseiller d'Etat neuchâtelois depuis 2012.

"Aujourd'hui, le risque est éteint, sachant que la Ville n'avait aucune prise sur le phénomène", a ajouté Jean-Daniel Jeanneret. Les montants consacrés pour voir le bout du tunnel pourront être dédiés à d'autres buts. Les dépenses de fonctionnement de la Ville tournent autour de 250 millions de francs par an.