Le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé mercredi qu'une réflexion allait être lancée sur la construction éventuelle de "réacteurs nucléaires de nouvelle génération, dotés de nouveaux mécanismes de sécurité". Cela serait un tournant majeur pour le Japon.

"L'invasion russe de l'Ukraine a largement transformé le paysage énergétique mondial", a justifié M. Kishida devant la presse. Par conséquent "le Japon doit tenir compte de potentiels scénarios de crise dans le futur".

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Il a aussi appelé à "maximiser" l'utilisation des réacteurs nucléaires existants ayant obtenu des autorisations réglementaires pour redémarrer depuis la catastrophe de Fukushima.

"En plus de sécuriser les opérations des dix réacteurs déjà remis en service, le gouvernement va s'efforcer de faire tout ce qui est nécessaire" pour faire redémarrer dès que possible d'autres réacteurs anciens ayant obtenu des feux verts réglementaires, a déclaré le Premier ministre.

M. Kishida songe aussi à étendre la durée d'exploitation des réacteurs au-delà de la limite actuelle de 60 ans. Il a appelé ses ministres à aboutir à "des solutions concrètes d'ici la fin de l'année".

Un secteur longtemps endormi

Comme de nombreux autres pays, le Japon souffre d'approvisionnements énergétiques considérablement plus chers et plus difficiles depuis le début de la guerre en Ukraine il y a six mois.

Visant la neutralité carbone à horizon 2050, le Japon a aussi été menacé de pénuries d'électricité cet été à cause de températures caniculaires faisant tourner la climatisation à plein régime.

Tout le parc nucléaire nippon avait été arrêté après la catastrophe à la centrale de Fukushima, provoquée par un puissant séisme et à un gigantesque tsunami dans le nord-est. Sur 33 réacteurs théoriquement opérables, seuls 10 ont redémarré depuis après s'être mis en conformité avec des normes de sécurité considérablement relevées.

Mais ces 10 réacteurs ne fonctionnent pas en permanence et plusieurs d'entre eux sont actuellement en maintenance. Sept autres réacteurs ont obtenu des autorisations réglementaires sans avoir encore pu redémarrer pour le moment.

En 2020, moins de 4% de l'électricité générée au Japon provenait du nucléaire, contre 30% avant la catastrophe de Fukushima. L'archipel est très dépendant de ses importations d'énergies fossiles et cherche en parallèle à développer ses énergies renouvelables.

"Politiquement difficile" mais "faisable"

Construire des réacteurs de nouvelle génération "serait une avancée importante" pour le Japon car tous ses réacteurs actuels sont conventionnels, a rappelé mercredi à l'AFP Tom O'Sullivan, un expert en questions énergétiques de la firme Mathyos Advisory, basée à Tokyo.

Pour remettre en service plus de réacteurs anciens, l'exécutif nippon aura notamment besoin de l'aval des autorités locales, ce qui pourrait être "politiquement difficile", selon cet analyste.

Mais "c'est faisable" car le Parti libéral-démocrate de la droite conservatrice, dirigé par M. Kishida dispose d'une confortable majorité au Parlement et "l'environnement a changé depuis la guerre en Ukraine", a estimé M. O'Sullivan.

Faire baisser les importations

L'opinion publique japonaise a "vraiment pris conscience" de la nécessité de réduire les importations de gaz, de pétrole et de charbon venant de Russie, et le coût de l'électricité au Japon est aussi un "problème" pour les ménages et les entreprises, a-t-il relevé.

Davantage de Japonais sont désormais favorables au redémarrage d'anciens réacteurs nucléaires, ont montré plusieurs sondages de médias nippons ces derniers mois.

Les entreprises japonaises impliquées dans le secteur nucléaire ont bondi mercredi à la Bourse de Tokyo. Le fournisseur d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco) a ainsi flambé de 9,96% à 552 yens, Mitsubishi Heavy Industries s'est apprécié de 6,85% à 5.209 yens et le groupe d'ingénierie nucléaire IHI a gagné 5,37% à 3.630 yens.

A
ats