"Le mandat a été donné à la quasi-unanimité", a souligné vendredi Laurent Crevoisier, secrétaire régional Syna. "Nous avons senti un fort attachement des salariés à leur place de travail", a ajouté le syndicaliste. British American Tobacco (BAT) a annoncé il y a une semaine qu'il envisageait de fermer son usine de Boncourt.
Pour le responsable du secteur industrie à Unia Yves Defferrard, les gens ont envie de s'investir, constat dressé lors de l'assemblée du personnel qui a réuni mercredi 90% des employés. Pour les syndicats, qui se veulent prudemment optimistes, cela vaut la peine de se battre pour sauver le site avec ses quelque 220 salariés.
Le personnel a également plébiscité la création d'une délégation de consultation composée de salariés et des deux syndicats. Elle sera chargée de faire des propositions crédibles dans le but de maintenir les emplois. Le rapport sera transmis au conseil d'administration de BAT à Londres.
Rencontre avec la direction
Une délégation du personnel et les syndicats a rencontré jeudi la direction de BAT Suisse dans un esprit qualifié de constructif. Elle a formulé ses attentes pour que la procédure de consultation se déroule de la meilleure manière possible. "Les modalités ont été réglées avec la direction", a expliqué Yves Defferrard.
Il n'y a pas de négociations sur un plan social à ce stade de la procédure. Les semaines à venir seront mises à profit pour rechercher des alternatives et pour dresser une liste avec des propositions afin d'éviter une fermeture et des licenciements. "On peut y croire", a lâché Yves Defferrard.
La multinationale a ouvert la semaine dernière une procédure de consultation liée au site de Boncourt, une étape préalable à un licenciement collectif. Elle peut aboutir soit à une fermeture partielle soit à une fermeture totale du site. La décision finale sera prise en décembre.
Soutien au personnel
C'est toute une région qui se mobilise pour sauver cette entreprise emblématique. Les syndicats qualifient d'impressionnant le soutien témoigné au personnel. Les partis politiques jurassiens vont eux s'engager dans la défense du site en lançant un comité de soutien.
Le Conseil communal de Boncourt et les autorités cantonales assurent qu'ils apporteront leur total soutien au personnel lors de la phase de consultation. La commune d'Ajoie souligne que "tous les moyens seront utilisés afin de défendre farouchement les intérêts de la communauté".
A Boncourt, une éventuelle délocalisation du site de production impacte déjà la vie du village. La commune de 1200 habitants a ainsi reporté l'examen du budget 2023 prévu initialement début décembre. Un départ de BAT, de loin le plus important des contributeurs, aurait d'importantes conséquences sur les finances.
Lors de l'assemblée communale, le vote du budget sera remplacé par un point intitulé "situation financière". Le Conseil communal se dit bien conscient des conséquences financières pour le village, mais se veut rassurant. "Les bases de notre commune reposent sur des fondations saines et solides", écrit-il dans un communiqué.
Rôle de mécène
Le développement du village est étroitement lié à l'évolution de l'usine Burrus et maintenant BAT. Fondée en 1814 par la famille Burrus, qui a longtemps joué un rôle de mécène, l'usine est passée aux mains du groupe Rothmans International en 1996. Ce cigarettier a fusionné en 1999 avec un autre géant du secteur, le groupe BAT.