"Depuis 06h00, les chantiers sont à l'arrêt dans tout le canton de Zurich", a communiqué Unia. La manifestation organisée à Zurich par les syndicats Unia et Syna s'est achevée à la mi-journée devant le siège de la Société suisse des entrepreneurs. Environ 2000 maçons venus de plusieurs cantons alémaniques y ont participé.
Depuis le 17 octobre, 15'000 maçons sont descendus dans les rues en Suisse pour protester contre "les exigences démesurées des entrepreneurs", écrivent les deux syndicats. Il y est question de journées de travail de 12 heures et de semaines de 58 heures. Pour les syndicats, les revendications des patrons sont une attaque contre la santé et la vie privée et familiale des maçons.
Pour les syndicats, la Société suisse des entrepreneurs cache des exigences de démantèlement derrière le mot "flexibilisation". Les entrepreneurs voulaient l'acheter avec une augmentation de salaire, mais les ouvriers du bâtiment n'ont pas cédé au chantage. Nico Lutz, responsable de la construction chez Unia déclare dans le communiqué: "Les ouvriers du bâtiment ont de toute façon droit à une augmentation de salaire en raison du renchérissement et de la bonne conjoncture".
Grève en cas d'échec des négociations
Lors d'un vote à l'échelle nationale, les travailleurs de la construction se sont prononcés pour des mesures de grève en cas d'échec des négociations, poursuit le communiqué des syndicats. Ils s'opposeraient ainsi de toutes leurs forces à une situation sans convention.
Des milliers de maçons ont aussi manifesté ces derniers jours en Suisse romande. La mobilisation a pour toile de fond le renouvellement de la Convention nationale (CN) qui expire à la fin de l'année. Malgré six rondes de négociations, les partenaires sociaux ne sont toujours pas parvenus à un accord. Un échec conduirait à une situation de vide conventionnel.
La Société suisse des entrepreneurs (SSE) estime que la grève viole l'obligation de paix, car elle intervient à un moment où le septième cycle de négociations entre les partenaires sociaux n'a pas encore eu lieu.
A la fin du mois d'octobre, la chambre des relations collectives de travail du canton de Genève a rejeté une plainte des entrepreneurs. Les journées de protestation des syndicats ne sont pas contraires à l'obligation de paix dans les négociations en cours, avait-elle jugé.
Avant le début des négociations, la SSE a annoncé publiquement qu'elle était prête à accepter une situation de vide conventionnel pour atteindre ses objectifs. Dans un communiqué, elle a demandé aux syndicats de tendre la main à la table des négociations lundi prochain pour trouver des solutions.
Marge de manoeuvre
Interrogée à ce sujet, la SSE a notamment indiqué qu'il existe une marge de manoeuvre pour des augmentations de salaire. L'ampleur exacte dépend de la volonté des syndicats de "moderniser la CN".
Le délai de préavis de six mois pour les travailleurs âgés reste inchangé, de même que leur répartition dans les classes de salaire existantes. Le nombre d'heures par année (2112) et par semaine (48 au maximum) doit rester inchangé. Pour le directeur de la SSE Bernhard Salzmann, les syndicats envoient des signaux "comme s'ils ne voulaient pas de nouvelle convention", a-t-il déclaré au Blick.
Contrairement à leurs collègues du reste de la Suisse, les maçons valaisans n'ont pas participé aux manifestations. Un accord salarial a été signé en décembre 2021 par les partenaires sociaux de la construction. Les employés d'une entreprise bernoise travaillant sur les chantiers du col du Simplon ont toutefois rejoint leurs collègues à Zurich.
Lundi, plusieurs milliers de maçons ont manifesté à Lausanne à Genève. Des manifestations ont aussi eu lieu à Delémont, Fribourg et La Chaux-de-Fonds.