"Pour cette année les projections s'élèvent à 2,5% de déficit. L'an prochain (...), nous verrons un déficit de 3,25%", a indiqué Christian Lindner vendredi lors d'une conférence de presse.

Le déficit pourrait même atteindre 4,5% en 2023, en fonction de "l'ampleur des dépenses" destinées à bloquer les "prix du gaz et de l'électricité", a-t-il ajouté.

"Nous avons fait d'énormes efforts pendant la crise pour soulager les gens et éviter les ruptures structurelles", a commenté M. Lindner pour justifier ce creusement du déficit.

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Mais l'Allemagne, gardienne de la rigueur budgétaire au sein de l'UE, promet une "normalisation des finances publiques" pour 2024, selon le ministère des Finances.

L'économie allemande est particulièrement touchée par la guerre en Ukraine et ses conséquences en matière énergétique, qui pèsent sur son secteur industriel et plombe le pouvoir d'achat des ménages.

La récession menace pour l'an prochain : le gouvernement table sur une chute de 0,4% du PIB de la première économie de la zone euro.

Berlin a donc débloqué un fonds spécial géant de 200 milliards d'euros pour bloquer les prix de l'énergie, qui sera utilisé en 2023 et 2024.

Et le gouvernement a présenté en novembre un budget 2023 contenant 45,6 milliards d'euros de nouveaux endettements, contre seulement 17,2 milliards d'euros estimé en juin dernier.

Frein à la dette

Ce budget sera toutefois le premier, depuis trois ans, à officiellement respecter la règle de frein à l'endettement, qui interdit à l'Etat d'emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année.

Cette obligation, véritable totem pour le ministre libéral Christian Lindner, avait été levée de 2020 à 2022 pour faire face à la pandémie de coronavirus qui a obligé l'Allemagne à faire sauter le verrou de la rigueur.

Mais pour revenir à cette règle, le gouvernement a eu recours à un véritable numéro d'équilibriste, en ne comptabilisant pas les fonds spéciaux, tels que le paquet énergie à 200 milliards d'euros, dans le budget officiel.

Le ministre allemand des Finances est l'un des plus réticents à l'assouplissement des règles budgétaires européennes actuellement négocié par les Vingt-Sept.

Le traité de Maastricht prévoit pour les Etats membres un déficit des administrations publiques limité à 3% du PIB national et une dette publique plafonnée à 60% du PIB.

La crise liée à la pandémie de Covid-19 a fait voler en éclats ces règles qui restent suspendues jusqu'à la fin 2023.