M. MacGann estime qu'Uber a préféré pratiquer la politique de l'excuse après coup (une fois les accusations sorties) plutôt que de suivre les règles. "C'était pour lui plus profitable" d'agir ainsi, assure-t-il.
Le géant californien connaissait (dès le début) la réglementation suisse, ajoute celui qui est à l'origine de la transmission de 124'000 documents compromettants au journal anglais The Guardian, dans ce qui a été appelé les "Uber Files".
L'entreprise savait en entrant sur le marché suisse en 2013 qu'elle n'aurait "pas pu faire de bonnes affaires si elle avait observé les règles", ajoute cet ex-employé du leader du VTC, auprès duquel il avait été un important lobbyiste avant de devenir lanceur d'alerte.
"Uber s'est dit", ajoute-t-il: 'les lois locales sur les licences ne conviennent pas à notre modèle d'affaires. On va simplement les ignorer'." M. MacGann explique que les affaires de l'entreprise n'auraient pas été rentables si les chauffeurs avaient été des employés et non des indépendants, en raison des charges qui se seraient ajoutées.
Par ailleurs, s'appuyant sur les "Uber Files", la Tribune de Genève et 24 Heures - membres de la cellule d'enquête partenaire du Guardian - écrivent samedi qu'une rencontre aurait eu lieu en 2015 à Genève entre Pierre Maudet, alors conseiller d'Etat, et trois cadres d'Uber de l'époque, dont M. MacGann. Uber en serait sorti satisfait.
"Nous avons changé"
Dans une longue réponse parvenue à Tamedia et à Keystone-ATS, la multinationale relève samedi que la situation a changé aujourd'hui par rapport à l'époque: "Nous sommes conscients d'avoir commis des erreurs à nos débuts et nous n'allons pas essayer de nous justifier", écrit l'entreprise. "On sait aussi qu'Uber a changé depuis l'entrée en fonction en 2017 du nouveau CEO, Dara Khosrowshahi."
Et de poursuivre: "Nous avons modifié de fond en comble notre modèle d'affaires en Suisse et l'avons adapté au cadre réglementaire." Les changements ont concerné Uber mais aussi UberPop, un modèle qui fonctionnait avec des chauffeurs non professionnels et qui a été abandonné.
Uber rappelle l'accord trouvé en novembre dernier avec les autorités genevoises, qui lui permet de continuer à opérer au bout du lac, sur de nouvelles bases. Cet arrangement faisait suite à un jugement du Tribunal fédéral obligeant Uber à considérer ses chauffeurs comme des salariés et non plus comme des indépendants.
En vertu de l'accord, Uber s'est engagé à verser rétroactivement aux chauffeurs genevois 35,4 millions de francs de cotisations sociales non payées depuis 2014 et autres indemnités et à se mettre en conformité avec la loi.
Les activités de l'entreprise à Genève, après avoir été suspendues suite à la décision du TF, ont pu reprendre en novembre dernier.