Le Tribunal correctionnel de l'arrondissement de l'Est vaudois, à Vevey (VD), a suivi le réquisitoire du Ministère public lors du procès qui s'est déroulé mardi et mercredi. L'ancien municipal écope aussi de 30 jours-amende à 30 francs.

Outre l'escroquerie par métier et l'abus de confiance, il a été reconnu coupable de faux dans les titres, d'infraction à la loi contre la concurrence déloyale ainsi que d'infraction à la loi fédérale sur la protection des marques et des indications de provenance.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

A la tête de trois sociétés de conseil et gestion financière, le fiduciaire s'est accaparé de grosses sommes d'argent placées par des clients grugés, à qui il faisait miroiter des rendements. Il se servait de son statut de courtier dans une grande compagnie d'assurance pour proposer de fausses solutions de prévoyance. Il a aussi détourné des centaines de milliers de francs d'une entreprise dont il était administrateur et produit de faux documents bancaires.

Culpabilité "très lourde"

Pendant le procès, l'accusé s'est défendu en assurant que les fonds qui lui avaient été confiés étaient en réalité des "prêts", dont il pouvait disposer librement. Une théorie à laquelle le Tribunal n'a pas cru. Il a aussi mis en cause son frère, employé dans l'une de ses sociétés, arguant que c'est ce dernier qui s'occupait des contrats.

La culpabilité du condamné est "très lourde", a asséné la présidente de la Cour, Anne-Catherine Page. Elle a estimé qu'il avait agi par "égoïsme" et par "lucre", avec "professionnalisme et méthode". Il a usé de "tous les moyens à disposition pour abuser de la confiance" de ses onze victimes, qui "toutes étaient des relations professionnelles de longue date, voire des amis d'enfance".

"Vous avez choisi vos victimes", a lancé la présidente, à un homme en larmes. "Vous les avez choisies, que ce soit pour leur état de santé défaillant ou pour une indélicatesse imaginée ou avérée avec le fisc", a-t-elle poursuivi. Elle a aussi pointé son "arrogance" et son absence de prise de conscience. "Vous n'avez eu cesse de vous victimiser (...) et avez tenté de faire porter la faute sur votre frère."

La défense avait plaidé l'acquittement. L'avocat du prévenu attend les motivations complètes du jugement pour savoir si son client fera appel. "C'est une peine massue (...) La seule chose que ce procès enseigne c'est que la justice n'est jamais belle lorsqu'elle est excessive", a réagi Me Loïc Parein.

"Absence de remords"

"Le déni et l'absence de remords manifestée par l'accusé justifient, au regard de la gravité des infractions retenues, la peine sévère prononcée", a pour sa part déclaré aux médias le procureur Anton Rüsch. "S'il avait reconnu les faits ou entrepris toutes les démarches qu'on pouvait attendre de lui pour réduire les dommages des victimes, les réquisitions auraient été moins sévères", a-t-il ajouté.

Ce verdict est l'épilogue de six ans d'instruction, les plaintes datant toutes de 2017. Il n'est pas encore exécutoire et peut être contesté dans les dix jours.

Les ennuis judiciaires de l'ancien responsable de la Sécurité de la ville du Chablais vaudois avaient été révélés dans la presse en juin 2017. Pris dans la tempête, le socialiste avait d'abord quitté son parti, puis démissionné de l'Exécutif en janvier 2018. Il avait été élu en 2016. L'enquête n'a établi aucun lien entre les infractions commises dans le cadre professionnel et ses activités politiques.