C'est la première fois depuis le lancement du service de streaming à la fin 2019 que Disney+ ne gagne pas des millions de nouveaux spectateurs au cours du trimestre écoulé. La plateforme compte désormais 161,8 millions d'abonnés dans le monde.
En tout, d'après son communiqué de résultats trimestriels publié mercredi, le groupe Disney a réalisé un chiffre d'affaires de 23,5 milliards de dollars d'octobre à décembre, mieux qu'espéré par les analystes.
Le géant du divertissement a surtout rassuré les marchés financiers avec des pertes opérationnelles moins élevées qu'attendues pour ses plateformes de streaming (Disney+, ESPN+ et Hulu), à 1 milliard de dollars pour la période d'octobre à décembre.
Réduire les dépenses
Mais le groupe a aussi annoncé la suppression prochaine d'environ 7000 emplois. "Bien que ce soit nécessaire pour faire face aux difficultés actuelles, je ne prends pas cette décision à la légère", a indiqué le patron du groupe Bob Iger. Selon son rapport annuel 2021, le groupe employait 190'000 personnes dans le monde au 2 octobre de cette année-là dont 80% à temps plein.
Son titre décollait de 8% lors des échanges électroniques après la clôture de la bourse de New York.
"Nous pensons que le travail que nous faisons pour transformer notre entreprise autour de la créativité, tout en réduisant les dépenses, va amener de la croissance durable et de la rentabilité pour nos activités de streaming", a déclaré M. Iger, cité dans le communiqué.
Disney lui a demandé en novembre de reprendre le poste de directeur général qu'il avait laissé à Bob Chapek en 2020, après quinze ans à ce poste, afin de redonner de l'élan à l'entreprise.
Champion de l'image familiale et policée de Disney, il fait, depuis lors, face aux problèmes de rentabilité des plateformes, notamment Disney+ lancé en grande pompe avant son départ, mais aussi à un bras de fer politique en Floride, où se trouve l'un des parcs d'attractions de Disney, parmi les plus visités au monde.
Les relations entre le gouverneur de Floride Ron DeSantis et Disney se sont dégradées quand Bob Chapek s'est prononcé publiquement contre une loi promue par le républicain, qui interdit d'enseigner en Floride des sujets en lien avec l'orientation sexuelle à l'école primaire.
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Les plateformes de streaming ont connu des croissances flamboyantes pendant des années, encore amplifiées par la pandémie de Covid-19, avant d'être rattrapées par la crise économique.
"La croissance des abonnés ne sera pas linéaire à chaque trimestre", avait prévenu en novembre Christine McCarthy, directrice financière de Disney, alors que la plateforme venait de gagner 12 millions d'abonnés en un trimestre.
Netflix, le vétéran et le leader du secteur, a connu un premier semestre difficile en 2022 en perdant près de 1,2 million d'abonnés, avant de rebondir cet automne et cet hiver. La plateforme compte plus de 230 millions d'abonnés payants, mais son bénéfice net annuel a baissé de 12% à 4,5 milliards.
Les applications de streaming font le même constat que des réseaux sociaux comme Snapchat, Facebook ou Instagram: les gains en utilisateurs ne se traduisent plus automatiquement en gains financiers.
Netflix et Disney ont donc lancé en décembre de nouveaux abonnements moins chers, avec de la publicité, pour attirer encore plus de spectateurs et surtout pour diversifier leurs sources de revenus.
Celui de Disney+ coûte 7,99 dollars par mois, tandis que son abonnement de base sans publicité est passé à 10,99 dollars aux Etats-Unis. D'ici à la fin 2023, la nouvelle formule devrait rapporter plus d'un milliard de dollars de recettes publicitaires aux Etats-Unis, selon les chiffres du cabinet Insider Intelligence.