"Pour l'année en cours, nous avons bon espoir de maintenir les ventes à un niveau similaire à celui de 2022, que nous considérons comme une année très positive malgré un repli dû à un effet de base", a indiqué mercredi à l'agence AWP le président de Motosuisse, Jörg Bucher, à la veille de l'ouverture du premier Motofestival, le salon appelé à succéder à Swiss-Moto.

Après un exercice 2021 record, dopé par la pandémie (restrictions de voyages et réticence à utiliser les transports publics) et une modification réglementaire (accès direct à la catégorie 125 cm3 dès 16 ans), le nombre de véhicules vendu est repassé sous la barre des 50'000, tout en se maintenant près de 20% au-dessus de son niveau d'avant la pandémie de Covid-19.

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"Jusqu'ici, la branche n'a pas ressenti les effets de l'inflation sur la propension de la clientèle à l'achat", signale le patron de la faîtière. La force du franc, souvent décriée par les professionnels comme une incitation au tourisme d'achat, s'avère désormais "un atout pour les importateurs, les achats auprès des constructeurs étant généralement réalisés en euros".

A cela s'ajoute le différentiel du renchérissement observé en Suisse (2,8% en 2022 selon l'OFS) par rapport à ses voisins. Alors que plusieurs marques doivent encore communiquer leurs prix 2023, Yamaha par exemple a annoncé des hausses de tarifs généralement comprises entre 200 et 500 francs pour le marché helvétique, similaires à celles annoncées en France.

Harley et BMW à Berne

Alors que la toute première édition du Motofestival, initialement prévue en mars dernier, avait dû être repoussée d'une année suite au désistement de plusieurs exposants, la plupart ont cette fois répondu présent.

"Entre les constructeurs, concessionnaires, accessoiristes et autres spécialistes de la branche, il y aura environ 125 exposants" s'est réjoui le président de Motosuisse, légèrement moins que les 150 qui avaient participé au dernier Swiss-Moto à Oerlikon en 2020, juste avant l'éclatement de la crise pandémique.

D'importants acteurs comme Hostettler (distributeur de Yamaha en Suisse), l'italien Ducati ou encore l'autrichien KTM et ses marques Husqvarna, GasGas et MV Agusta, seront absents à Berne, mais Jörg Bucher se veut optimiste: l'américain Harley Davidson et l'allemand BMW seront de la partie, eux qui avaient fait l'impasse sur l'EICMA, la grand-messe du deux-roues qui s'est déroulée en novembre à Milan.

A la recherche de nouvelles pistes

Alors que le parlement européen a validé il y a moins de dix jours le projet de règlementation mettant fin à la vente des voitures à moteur thermique en 2035, "le secteur du deux-roues suit naturellement avec intérêt l'évolution technologique dans l'industrie automobile, notamment l'électrification", fait valoir le sexagénaire.

Si les contraintes (volume, autonomie, coût) ont jusqu'ici entravé l'avènement de l'électrique, les constructeurs sont à pied d'oeuvre pour développer des motorisations alternatives prenant en compte les spécificités de ce marché, souligne l'Argovien qui a repris il y a deux ans les rênes de la faîtière des importateurs.

Et de citer à titre d'exemple les piles à combustible, ou les packs de batteries amovibles et échangeables sur le modèle de ce qui se fait avec les bombonnes de gaz. A l'EICMA, le japonais Kawasaki a dévoilé plusieurs engins hybrides, ainsi qu'un prototype de moteur à combustion fonctionnant à l'hydrogène.

L'entrée en vigueur de la nouvelle norme anti-pollution Euro 5+ attendue pour l'automne 2024 pourrait avoir un impact sur le marché helvétique. Jörg Bucher estime qu'il est "possible que certains clients décident de reporter l'achat d'un véhicule neuf, car les gammes de produits seront probablement de nouveau élargies".