Georges Godel s'est rendu coupable de violation du secret de fonction à "réitérées reprises", a indiqué vendredi le Ministère public. Le magistrat centriste a été condamné par ordonnance pénale à une peine pécuniaire de 90 jours-amende à 300 francs, avec sursis pendant deux ans, et à une amende additionnelle de 2500 francs.

Agé de bientôt 71 ans, Georges Godel dispose de 10 jours pour faire opposition. Mais le tout nouveau président du groupe laitier en difficulté Cremo n'en fera rien. "Je prends note de la peine pécuniaire avec sursis et l’accepte, sans faire recours", dit-il dans un communiqué publié à la suite de celui du Ministère public.

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Ne pas prolonger

"Je ne souhaite pas prolonger les procédures judiciaires et surtout, je veux pouvoir sereinement me consacrer à mes différentes fonctions et notamment ma contribution à la pérennité de Cremo", précise l'ex-grand argentier cantonal. "Ceux qui me connaissent savent que mon intégrité dans cette affaire n'a jamais été remise en question."

Dans son communiqué, le Ministère public reconnaît que le magistrat s'est livré à un exercice de transparence dans le but de rendre la politique plus accessible au grand public. Mais lors de cette démarche, il a commis de nombreuses violations du secret de fonction, sans chercher à se renseigner sur les "limites tolérables".

L'instruction a établi qu'à l'automne 2017, le journaliste Jean-Marc Angéloz avait rencontré le conseiller d'Etat Georges Godel et la chancelière pour la rédaction d'un ouvrage. L'entretien avait porté sur les risques de l'exercice, les limites à poser, les conditions et le principe de confiance sur lequel reposait le projet.

Documents confidentiels

Ce sont 44 entretiens qui ont suivi entre janvier 2018 et octobre 2021, au cours desquels l'élu a reçu seul le journaliste dans son bureau ou conversé par visioconférence. "Il lui a alors révélé oralement des faits non connus du public dont il avait eu connaissance de par sa fonction", constate le Ministère public.

Georges Godel aurait aussi remis ou montré au journaliste des documents confidentiels dont la consultation aurait supposé la mise en oeuvre de la procédure prévue par la loi sur l'information et l'accès aux documents. Il lui a exposé des informations confidentielles au sujet de faits non connus du public.

Le Ministère public a retenu que le journaliste Jean-Marc Angéloz avait incité Georges Godel à violer son secret de fonction en l'abordant avec son projet. Le journaliste a flatté son interlocuteur, revenant au besoin à la charge pour obtenir les informations souhaitées, soutient le procureur général Fabien Gasser.

Journaliste condamné

Jean-Marc Angéloz a ainsi été reconnu coupable par ordonnance pénale d'instigation à violations répétées du secret de fonction. Il écope d'une peine pécuniaire de 100 jours-amende à 50 francs, avec sursis pendant deux ans, et à une amende additionnelle de 1500 francs, avec un délai d'opposition de 10 jours.

L’objectif du livre paru en janvier 2022 "était de rendre le travail de conseiller d’Etat accessible et de faire connaitre les coulisses de la vie de mon canton et de ses institutions", affirme encore Georges Godel. "De bonne foi, j’ai estimé que cette démarche s’inscrivait dans le respect du secret de fonction."

"De plus et afin de garantir la sincérité et la spontanéité de l’ouvrage, j’avais accepté de ne pas le relire avant parution", détaille celui qui a été conseiller d'Etat durant quinze ans jusqu'à fin 2021. "C’était une erreur. J’en prends aujourd’hui l’entière responsabilité et en assume les conséquences."

Le Centre Fribourg a pris acte quant à lui de la décision du Ministère public. Le parti explique "déplorer les agissements de Georges Godel, ce d’autant plus en considérant son excellent bilan politique". Au-delà, il condamne "fermement" toute infraction pénale et toute violation des devoirs des élus.