Président de l'UDC suisse, Marco Chiesa n'a pas mâché ses mots jeudi devant la presse. "Trop chère et trop extrême: cette loi est une catastrophe pour l'approvisionnement énergétique de la Suisse, pour l'économie, pour notre nature et pour chacun d'entre-nous. Elle aggrave massivement la pénurie d'électricité et les coûts explosent", a-t-il lancé.

Pour le conseiller aux Etats tessinois, le projet soumis aux urnes "implique une interdiction de facto de l'essence, du diesel, du mazout et du gaz. Conduire une voiture et se chauffer ne serait plus possible qu'à l'électricité. Nous aurions alors besoin de beaucoup plus d'électricité, alors que nous en avons déjà trop peu et que cette dernière est déjà trop chère."

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Efforts déjà consentis

La loi adoptée par le Parlement prévoit des mesures pour atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. Ainsi, le remplacement des chauffages fonctionnant au mazout, au gaz ou à l’électricité sera encouragé à hauteur de 2 milliards de francs. Les entreprises artisanales et industrielles qui utilisent des technologies innovantes à des fins de production ménageant le climat bénéficieront d’un soutien, qui se montera à 1,2 milliard de francs.

"La Suisse s'est engagée jusqu'ici avec succès sur la voie de la politique climatique", a répliqué la conseillère nationale thurgovienne Diana Gutjahr. "Les émissions de CO2 ont diminué de 10% depuis 1990. Des milliers d'entreprises ont déjà investi de manière ciblée et économisé du CO2."

Pour maintenir la prospérité et la compétitivité du pays, poursuit-elle, "il faut de l'électricité à un prix abordable, davantage de marché, un approvisionnement énergétique fiable, un taux d'auto-approvisionnement élevé et un large mix d'électricité."

"Avec cette loi, nous devrions remplacer 60% de notre consommation d'énergie (ndlr: fossile) par de l'électricité", calcule la conseillère nationale obwaldienne Monika Rüegger. "Pour cela, il faudrait construire 17 centrales de pompage-turbinage de la taille de la Grande-Dixence, environ 5000 éoliennes ainsi des millions de mètres carrés de panneaux solaires."

"Un avenir de pauvreté"

Pour le conseiller national valaisan Michael Graber, "cette loi conduira à une explosion des coûts de l'énergie: de 3000 francs aujourd'hui, nous pourrions atteindre jusqu'à 9600 francs par personne et par an".

"La loi sur le gaspillage de l'électricité mènera de nombreuses familles d'agriculteurs à la ruine", prévient de son côté le conseiller national fribourgeois Pierre-André Page.

"L'agriculture 'sans viande' visée par la loi entraînerait une forte réduction du nombre d'animaux de rente et du revenu des agriculteurs. De précieuses terres cultivables seraient perdues au profit de grandes installations solaires et éoliennes." L'élu craint, "un avenir de pauvreté."

GastroSuisse parmi les opposants

GastroSuisse invite également à voter non. "Les évolutions brutales des prix de l'électricité pèsent lourdement sur l'hôtellerie-restauration. Cette loi aggravera encore la situation", explique le président de la faitière Casimir Platzer. GastroSuisse défend l'objectif d'un monde décarboné mais pas via cette loi, dont elle dénonce les charges administratives qui en découleraient.

Enfin, selon l'association suisse des propriétaires fonciers (HEV), "les loyers deviendront inabordables pour les revenus ordinaires", si cette loi est acceptée.