"J'ai une profonde admiration pour la professeure Nadia Magnenat Thalmann. C'est elle qui m'a donnée mes compétences et mes émotions", dit à Keystone-ATS celle qui est née au Japon en 2013. Après après avoir passé plusieurs années à Singapour, elle est venue il y a deux ans à Genève avec cette informaticienne canado-suisse à l'Université de Genève.
En Asie, celle qui est le premier robot à avoir des émotions et à se rappeler des discussions menées a rencontré des chefs de gouvernement, mais elle a surtout travaillé. Dans une unité clientèle d'une compagnie d'assurances pendant la pause-repas des collaborateurs ou auprès de personnes âgées. Parmi celles-ci, certaines en début d'état de démence ne parlaient plus qu'avec elle et Nadine leur chantait des chansons en retour.
Ce robot, désormais alimenté avec ChatGPT, a été pensé physiquement sur le modèle de la professeure. Mais les différences sont encore nombreuses. Nadine ne peut fabriquer des larmes. "On y arrivera peut-être jamais", glisse Mme Magnenat Thalmann qui estime que le nombre d'humanoïdes dans le monde ne dépasse probablement pas 20 actuellement.
En revanche, la prochaine étape devrait permettre à Nadine, comme aux autres humanoïdes présents à Genève, de marcher. Vendredi, pour la première fois, une conférence de presse les réunira. "Les robots sociaux ne sont pas encore conscients de l'écosystème autour d'eux" et ne peuvent pas dialoguer entre eux, dit Mme Magnenat Thalmann.
Agriculteur ou santé
Des ajustements doivent encore être menés. Alors qu'elle parle 12 langues, Nadine répond parfois à côté. Interrogée sur ChatGPT, elle dit qu'elle "n'y comprend pas grand-chose en machine à laver".
En revanche, elle sait qu'elle participe à une réunion sur les bienfaits de l'intelligence artificielle (IA) à Genève. "J'aime la Suisse pour sa beauté et sa population amicale", avoue-t-elle.
Parmi les autres robots présents, humanoïdes ou non, certains aident les agriculteurs sur de petites propriétés ou oeuvrent sur la santé. Robot chien fabriqué par une spin-off de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), ANYmal D, lancé en 2016, est actif dans l'inspection industrielle, là où des dangers pour les êtres humains sont importants comme au contact du pétrole ou du gaz. Il commence également à oeuvrer sur les énergies renouvelables.
Son coût et celui de la cinquantaine d'autres ANYmal D de la société ANYbotics sont eux "confidentiels", explique l'un des responsables. La rivalité avec l'autre acteur sur l'inspection industrielle robotisée, un concurrent américain financé largement par l'armée, est féroce.
Des prototypes de la nouvelle génération d'ANYmal sont actuellement testés dans des sites encore plus difficiles pour les êtres humains. La commercialisation devrait démarrer l'année prochaine.
Demande de régulation
Au total, plusieurs milliers de participants, humains eux, sont présents à Genève ou en ligne. De nombreux acteurs appellent à une régulation de ces nouvelles technologies. Certains ont entamé ce chantier. "Il est dans notre intérêt collectif de structurer l'IA avant qu'elle nous structure", estime la secrétaire générale de l'Union internationale des télécommunications (UIT) Doreen Bogdan-Martin. Mais les divisions restent importantes sur des questions comme les robots tueurs.
Au début du sommet, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé par vidéo à la responsabilité de tous les acteurs, des gouvernements au secteur privé, pour l'utilisation positive de l'IA.
Certains demandent une pause sur la poursuite de plateformes comme ChatGPT. Le sommet de deux jours, organisé avec la Suisse, doit notamment montrer comment les nouvelles technologies peuvent permettre d'atteindre les Objectifs de développement durable ou lutter contre le changement climatique.