Le conseil d'administration du groupe, premier fabricant au monde de semi-conducteurs, a officialisé la décision attendue depuis des mois, annonçant dans un communiqué que l'entreprise taïwanaise investirait près de 3,5 milliards d'euros dans la future usine.
TSMC détiendra 70% du projet et va collaborer avec trois partenaires européens, le néerlandais NXP et les allemands Infineon et Bosch, impliqués à hauteur de 10% chacun.
"Les investissements totaux devraient dépasser 10 milliards d'euros sous forme d'injections de fonds propres, d'emprunts et d'un solide soutien de l'Union européenne et du gouvernement allemand", détaillent dans un communiqué les quatre partenaires.
Il s'agit de la première usine en Europe de TSMC, alors que les pays occidentaux s'efforcent de renforcer leur contrôle sur la fabrication de ces composants cruciaux pour produire tous les objets électroniques, des ordinateurs portables aux voitures, en passant par les missiles.
Les tensions avec la Chine à propos de Taïwan où est basé TSMC, ont accru les inquiétudes autour de l'approvisionnement mondial en puces électroniques.
Subvention publique
La pandémie de Covid-19, en paralysant en 2020 les chaînes d'approvisionnement en Asie, a également mis en lumière la dépendance aux fournisseurs asiatiques en entraînant d'importantes pénuries de puces au point de mettre en difficulté l'industrie automobile européenne, un électrochoc pour le continent.
L'usine allemande du géant taïwanais sera d'ailleurs spécialisée dans la production de semi-conducteurs pour le secteur automobile engagé dans une mutation historique vers les technologies électriques.
"L'Europe est un endroit très prometteur pour l'innovation dans les semi-conducteurs, en particulier dans les domaines de l'automobile et de l'industrie", assure Che Chia Wei, PDG de TSMC, dans un communiqué commun des quatre partenaires.
L'objectif est de lancer la construction de l'usine au second semestre 2024 pour un début de production d'ici la fin de 2027. L'usine devrait avoir une capacité de production mensuelle de 40.000 tranches de silicium de 300 mm, une des technologies les plus avancées.
L'Etat allemand devrait lui accorder quelque cinq milliards d'euros de subventions, à travers le fonds fédéral pour le climat et la transformation, selon plusieurs médias allemands.
L'Allemagne se veut le fer de lance du mouvement destiné à accroître la souveraineté européenne dans la production de puces, d'autant que la première économie européenne, dont l'activité est au point mort, cherche à s'assurer les bases d'une relance industrielle.
Cet investissement "montre que l'Allemagne est un site attrayant et compétitif, en particulier lorsqu'il s'agit de technologies clés telles que la microélectronique", a salué le ministre de l'Economie Robert Habeck dans un communiqué distinct.
"Silicon Saxony"
La région de Dresde, dans l'ex-Allemagne de l'est, est l'une des places fortes de la microélectronique en Europe, au point d'être surnommée depuis de nombreuses années la "Silicon Saxony".
Berlin avait annoncé mi-juin augmenter à près de 10 milliards d'euros la subvention au géant américain des semi-conducteurs Intel, qui construit une nouvelle usine à Magdebourg (centre-est).
Outre Intel, l'allemand Infineon a récemment lancé à Dresde le chantier d'une nouvelle usine de semi-conducteurs -un projet à 5 milliards d'euros-, et l'américain Wolfspeed a annoncé un important investissement dans l'ouest de Allemagne.
L'essentiel de la production de TSMC est basée à Hsinchu, dans le nord de Taïwan, mais le groupe développe son activité mondiale avec une usine prévue en Arizona, qui constitue l'un des plus gros investissements étrangers aux États-Unis.
Celle-ci est retardée jusqu'en 2025 en raison de difficultés de recrutement de travailleurs qualifiés aux Etats-Unis, une préoccupation qui concerne également l'Allemagne où la pénurie de main d'oeuvre est particulièrement aiguë.