Après un début d'année chahuté, la banque s'attend à une reprise graduelle de l'appétit au risque des clients au cours du second semestre.

Les produits d'exploitation ont progressé de 3% sur un an à 1,62 milliard de francs, écrit la banque privée genevoise jeudi dans un communiqué. Les charges ont progressé dans la même proportion à 1,15 milliard, pour un résultat opérationnel en hausse de 2% à 475 millions de francs.

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En dépit de cette évolution positive, le bénéfice net s'inscrit en recul de 3,7% à 366 millions de francs. Cette baisse s'explique principalement par l'évolution du mix d'imposition, a expliqué à l'agence AWP Renaud de Planta, associé gérant senior de l'établissement, qui rappelle que Pictet est actif dans 30 juridictions dont les taux d'imposition peuvent varier.

Quant à la masse sous gestion, elle était de 638 milliards au 30 juin, contre 608 milliards fin 2022, grâce en particulier à des apports nets de plus de 15 milliards. «La croissance a dépassé les 5%, un score historiquement élevé», a souligné M. de Planta.

La hausse s'explique également par le rebond des marchés boursiers. Exprimée en monnaies locales, elle serait d'ailleurs plus élevée, car l'argent est principalement investi en dollars et en euros, or ces deux monnaies se sont dépréciées par rapport au franc, a encore noté l'associé gérant.

La débâcle de Credit Suisse n'a pas provoqué d'afflux massif de fonds chez Pictet, selon lui. «Historiquement, nous avons toujours enregistré des apports en provenance des grandes banques, mais nous sommes dans la moyenne», a indiqué M. de Planta.

Le retour des taux d'intérêt en terrain positif a eu un double effet sur les affaires de Pictet, avec un final un impact légèrement positif. D'une part, la marge d'intérêt a progressé, mais cet effet a tendance à diminuer car les clients privilégient les dépôts à terme. En outre, la hausse des taux pèse sur la valorisation des actifs et donc sur les commissions de gestion qui sont calculées sur cette valorisation.

Gestion de fortune le vent en poupe

Au niveau des quatre lignes de métier que sont la gestion de fortune, la gestion d'actifs, la gestion alternative et l'asset servicing, M. de Planta souligne qu'elles ont toutes contribué aux bons résultats du semestre. «La gestion de fortune a toutefois légèrement mieux tiré son épingle du jeu que la gestion d'actifs», a-t-il concédé, les investisseurs institutionnels ayant eu tendance à privilégier les rendements fixes dans un contexte boursier chahuté.

Le ratio de fonds propres s'est encore amélioré et était de 29,3% au 30 juin, contre 27,4% fin 2022, un taux nettement supérieur au seuil de 12% fixé par l'autorité de surveillance financière, précise le communiqué.

Depuis le début de l'année, Pictet a créé quelque 80 nouveaux postes. La banque n'a pas ciblé les employés de Credit Suisse sur le départ. «Nous ne voulons pas créer de monoculture en récupérant des candidats en provenance d'un même établissement», a précisé M. de Planta. «Par rapport au rythme de recrutement habituel, nous sommes très légèrement au-dessus de la moyenne cette année», a-t-il ajouté.

Au chapitre des perspectives, l'associé gérant s'attend à un second semestre qui ressemblera globalement au premier. «L'effet des hausses d'intérêt devrait s'estomper avec à la clé un certain retour à la normale, ce dont l'économie a bien besoin», a-t-il souligné. Dans ce contexte, il estime que les investisseurs, échaudés par un début d'année particulièrement anxiogène, retrouveront un certain appétit au risque.