«Les entreprises ont fait des propositions significatives mais je pense qu'elles devraient aller plus loin» avec les employés, a lancé vendredi Joe Biden, lors d'une courte allocution à la Maison Blanche.

Les négociations entre le puissant syndicat américain de l'automobile, l'United Auto Workers (UAW), et les trois grands constructeurs, qui portent notamment sur la hausse des salaires, ont échoué.

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L'UAW a donc mis sa menace à exécution et a lancé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une grève inédite simultanée, chez les «Big Three», les «Trois Grands» constructeurs américains: General Motors (GM), Ford et Stellantis (issu de la fusion du Français PSA et de l'Américain Chrysler).

«Personne ne veut d'une grève»

«Aujourd'hui, nous rassemblons nos membres. Demain, nous serons à la table des négociations», a indiqué Shawn Fain, président de l'UAW, dans un communiqué vendredi après-midi, affirmant que les trois groupes avaient désormais reçu une «contre-offre complète». Joe Biden, qui brigue un second mandat à la Maison Blanche en 2024, affiche régulièrement son soutien aux syndicats, de tous les secteurs.

«Personne ne veut d'une grève», a-t-il déclaré, assurant néanmoins qu'il comprenait «la frustration des travailleurs», qui «méritent une part équitable des avantages qu'ils ont contribué à créer». Au premier semestre 2023, les trois constructeurs ont généré un chiffre d'affaires cumulé de 276 milliards de dollars et un bénéfice net de 20,25 milliards.

Inquiétude

Le débrayage a débuté vendredi dans trois usines d'assemblage: l'usine Ford de Wayne, dans la région de Detroit (Michigan), le site GM de Wentzville (Missouri, centre) et celui de Toledo (Ohio, nord) pour Stellantis. Environ 12'700 employés devaient débrayer vendredi, selon le syndicat.

«Je pense que la grève va durer au moins un mois ou deux», a commenté vendredi à l'AFP Sofus Nielson, employé de Ford depuis 29 ans, dont quinze à l'usine de Wayne, se disant «inquiet pour les jeunes travailleurs» qui ont des grilles salariales et des avantages sociaux inférieurs. Pour Jillian Gray, employée depuis seize ans sur le même site, «il était grand temps. Nous avons besoin de cela pour suivre l'économie, (...) pour pouvoir acheter ce que nous fabriquons».

Le mouvement pourrait s'étendre. Shawn Fain a enjoint les quelque 146'000 membres de son organisation travaillant pour ces constructeurs de se tenir prêts à débrayer en fonction de l'évolution des négociations. La dernière grève du secteur remonte à 2019 et n'avait affecté que GM, pendant six semaines.

Malgré son soutien aux syndicats, Joe Biden pourrait être pénalisé par un conflit social prolongé ou élargi, qui risque en effet de peser sur la croissance. Son bilan économique est déjà régulièrement critiqué par les républicains, en particulier du fait de l'inflation tenace.

Selon le cabinet de conseil Anderson Economic Group (AEG), qui compte notamment Ford et GM comme clients, une grève de dix jours de tous les syndiqués de l'UAW pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de pertes de revenus pour l'économie américaine.

40% d'augmentation

Les négociations ont commencé il y a deux mois pour élaborer les nouvelles conventions collectives pour quatre ans. L'UAW réclame un relèvement des salaires de quelque 40% sur quatre ans, alors que les trois constructeurs n'ont pas été plus loin que 20% au plus, selon le syndicat.

Les géants ont aussi notamment refusé d'accorder des jours de congé supplémentaires et d'augmenter les retraites, assurées par des caisses propres à chaque entreprise. Dans un communiqué, Ford s'est dit «absolument résolu à parvenir à un accord récompensant les employés et protégeant la capacité de Ford à investir pour le futur».

Il a qualifié l'offre faite au syndicat quelques jours plus tôt «d'historiquement généreuse avec d'importantes hausses salariales» et d'autres avantages. Interrogée sur CNN vendredi, la patronne de GM Mary Barra a défendu les propositions des constructeurs, qui incluent «non seulement une augmentation de 20% du salaire brut, mais aussi le partage des bénéfices, des couvertures de santé de classe mondiale et plusieurs autres caractéristiques».

Stellantis s'est dit «extrêmement déçu par le refus des dirigeants de l'UAW de s'engager de manière responsable pour atteindre un accord équitable dans le meilleur intérêt de nos employés, de leurs familles et de nos clients». Pour Garrett Nelson, analyste de CFRA, les entreprises «regorgent de liquidités et (...) peuvent sans doute supporter une grève plus longtemps que les employés».

S
SDA