«Non à l'occupation! Non à l'Amérique!», scandaient les manifestants sur la place Tahrir, coeur de la capitale irakienne, au septième jour d'une guerre sanglante entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, soutenu par l'Iran.

Rassemblés à l'appel du leader chiite Moqtada Sadr «en soutien à Gaza» et contre Israël, ils brandissaient des drapeaux palestiniens et irakiens. Un immense drapeau israélien a été disposé sur le sol pour que les protestataires puissent le piétiner, selon un photographe de l'AFP.

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La manifestation de Bagdad «a pour but de dénoncer ce qui se passe en Palestine occupée, l'effusion de sang et la violation des droits», a déclaré à l'AFP Abou Kayan, organisateur et membre du mouvement sadriste.

Moqtada Sadr est dans l'opposition politique, mais le mouvement de soutien à Gaza bénéficie de l'appui explicite du gouvernement irakien.

Ce dernier, soutenu par une majorité parlementaire de partis proches de l'Iran, un allié du Hamas, a estimé que l'attaque lancée samedi contre Israël par le mouvement islamiste palestinien était le «résultat naturel de l'oppression systématique» à laquelle sont soumis les Palestiniens «de la part de l'autorité d'occupation sioniste».

«A bas l'Amérique»

A Téhéran, les manifestants brandissaient des drapeaux iraniens, palestiniens et du Hezbollah libanais. Ils tenaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «A bas l'Amérique» et «A bas Israël», a constaté un journaliste de l'AFP. Des rassemblements similaires ont eu lieu dans d'autres villes d'Iran, où des drapeaux américains et israéliens ont été brûlés.

L'Iran, pays dont la population est majoritairement musulmane chiite mais non arabe, soutient financièrement et militairement le Hamas palestinien. L'Etat israélien est leur ennemi commun juré, et le mouvement palestinien souhaite sa destruction.

En Jordanie, pays voisin d'Israël auquel elle est liée par un traité de paix, plus de 10'000 personnes se sont rassemblées dans le centre d'Amman, près de la Grande Mosquée Hussein, à l'appel des Frères musulmans jordaniens et de plusieurs groupes de gauche et de jeunes.

Plus remarquable: dans une mosquée de Ryad, la capitale saoudienne où les manifestations sont interdites, un journaliste de l'AFP a vu un policier menotter un fidèle qui a interrompu la prière du vendredi en lançant à l'imam: «Parle de la Palestine! Gaza est sous les bombes!».

L'imam lui a répondu que le lieu sacré «n'était pas fait pour la politique», avant que l'homme ne soit interpellé.

Au Bahreïn aussi

A Bahreïn, petit royaume du Golfe, des centaines de fidèles ont scandé «Mort à Israël!» et «Mort à l'Amérique!» avant la prière du vendredi dans la mosquée Diraz. Une manifestation a ensuite rassemblé plusieurs centaines de personnes.

En France, où le président Emmanuel Macron a appelé jeudi Israël à une réponse «forte» mais «juste» à l'attaque du Hamas, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ordonné l'interdiction des «manifestations pro-palestiniennes parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public».

Aussi au Pakistan et en Afghanistan

Au Pakistan, ils étaient des milliers à manifester après la prière du vendredi contre les bombardements massifs de la bande de Gaza par l'armée israélienne. Des partis politiques et religieux ont organisé des rassemblements dans les villes de Karachi, Lahore, Peshawar et dans la capitale Islamabad, où les drapeaux américain et israélien ont été brûlés.

«Nous sommes descendus dans les rues pour que nos dirigeants comprennent qu'ils n'ont pas à avoir peur des Etats-Unis et que le public veut qu'ils soient dans le camp de la Palestine, pas dans celui d'Israël et de l'Amérique», a déclaré un manifestant de 47 ans.

Le gouvernement pakistanais a condamné un «recours à la force sans discernement et disproportionné par les autorités israéliennes», ainsi qu'un «blocage inhumain (de Gaza) et une punition collective».

En Afghanistan, quelques centaines de personnes ont aussi pris part à des manifestations pro-palestiniennes dans la capitale Kaboul et à Jalalabad (Est), organisées à l'initiative des autorités talibanes.

«Palestine, tu n'es pas seule, nous sommes avec toi», a déclaré au micro un orateur à Kaboul. «Nous sommes pauvres, mais nous ferons tout ce que nous pourrons. Nous ne pouvons pas faire grand-chose aujourd'hui, si ce n'est marcher pour vous apporter notre soutien.»

Milliers de morts

Le 7 octobre, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules, par les airs et la mer, tuant des civils dans la rue, chez eux ou en pleine rave-party, semant la terreur sous un déluge de roquettes.

Lors de cette offensive, ils ont enlevé plusieurs dizaines d'otages israéliens, étrangers et binationaux, que le Hamas menace d'exécuter. Les autorités israéliennes ont recensé environ 150 otages.

Israël a riposté en annonçant une guerre pour détruire les capacités d'action du Hamas, mouvement qualifié d'organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, pilonnant la bande de Gaza et déployant des dizaines de milliers de soldats autour de l'enclave palestinienne et à sa frontière nord avec le Liban.

Depuis le début des hostilités, plus de 1300 personnes ont été tuées en Israël, parmi lesquelles de nombreux civils et au moins 258 soldats, selon les autorités.

Côté palestinien, le bilan des bombardements s'est alourdi vendredi à 1537 morts, dont 500 enfants, d'après les autorités de Gaza.

S
SDA