«La foire est une locomotive, mais Paris est aussi une locomotive», a déclaré auprès d'AWP Marion Papillon, présidente du Comité professionnel des galeries d'art. La capitale française, où Art Basel a pris la suite de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) en 2022 «est attractive». «Cela se ressent dans un tel événement qui a la capacité d'attirer du monde», d'après elle.

Cette seconde édition de Paris+ par Art Basel «semble prometteuse», a ajouté François Dournes, directeur adjoint de la Galerie Lelong & Co, qui fait partie des 154 galeries annoncées. En juin dernier, «quand on était à la foire de Bâle, beaucoup de visiteurs, notamment des collectionneurs américains, avaient prévu de se rendre à Paris. Déjà l'an dernier, on a remarqué un nombre beaucoup plus important d'Américains que du temps de la Fiac».

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Cette aura internationale de l'événement constitue un atout pour la galerie parisienne qui représente des géants de l'art, comme David Hockney ou Pierre Alechinsky. «Art Basel a une expérience dans le contact avec les collectionneurs - les VIP - en disposant d'ambassadeurs partout dans le monde pour les faire venir dans les foires.»

Un avis partagé par la galerie Nathalie Obadia, qui a salué le «grand succès» de 2022. Celle qui compte à son catalogue Fiona Rae, Agnès Varda ou encore Sarkis, entrevoit un nouvel événement qui «va être dynamique».

«J'ai compris qu'un grand nombre de collectionneurs internationaux se réservaient pour des acquisitions à Paris et il y a aussi un grand nombre de conservateurs et trustees du monde entier qui sont attendus dans la capitale car il y a une offre particulièrement qualitative des expositions dans les galeries, les musées et les fondations privées», anticipe-t-elle.

Une autre preuve de cet engouement parisien est l'inauguration le week-end dernier de la première exposition à Paris de la galerie zurichoise Hauser & Wirth, qui a pris pied dans un hôtel particulier à proximité des Champs-Élysées. L'institution, déjà implantée à Gstaad et St Moritz, mais aussi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, disposera dans le même temps d'un stand à Paris+.

Investissement à long terme

De quoi encourager l'organisateur de foires et de salons MCH, coté à la Bourse de Zurich, qui gère également l'édition bâloise et celles de Miami et Hong Kong. «Nous sommes engagés pour plusieurs années avec Paris+ par Art Basel et avons en conséquence un plan d'investissement à long terme pour le développement de la foire», a souligné un porte-parole auprès d'AWP.

Selon l'appel d'offres de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais (RMN-GP), le candidat choisi devait s'engager sur sept ans pour un coût global estimé à 10,6 millions d'euros, hors frais techniques.

L'organisateur a renoué avec les chiffres noirs au premier semestre, enregistrant un bénéfice de 4,7 millions de francs. Des chiffres «réjouissants», a admis MCH, qui s'attend à inscrire un bénéfice net en 2024.

Même dans un contexte de ralentissement économique mondial, «le marché de l'art continue de résister». L'appétit est là, «même en période d'inflation et de difficultés géopolitiques régionales» et «malgré le ralentissement de l'Asie», a appuyé Mme Obadia.

Davantage de galeries en 2024

L'an dernier, l'arrivée du mastodonte Art Basel dans la capitale hexagonale, évinçant la Fiac, avait toutefois suscité des remous, des voix s'interrogeant sur une uniformisation des foires d'art moderne et contemporain.

Chaque édition a sa propre «raison d'être», a rétorqué MCH. Pour Nathalie Obadia, «Bâle est la foire qui expose les oeuvres les plus chères. On verra si cette situation changera avec la montée en puissance d'Art Basel à Paris qui sera de retour au Grand Palais en 2024, ce qui va conforter son prestige.»

Dans la cité rhénane, la foire «une identité marquée avec la mise en avant de galeries suisses. A Frieze London, les galeries anglaises sont considérablement mises en avant. Peut-être que l'on pourrait souhaiter que les galeries françaises soient davantage mises en avant à Paris+», a avancé M. Dournes, tout en précisant qu'actuellement, «la configuration du Grand Palais éphémère ne le permet pas, les stands ayant un peu tous la même taille.»

L'an prochain, l'événement prendra ses quartiers dans le Grand Palais rénové après plusieurs années de travaux. «Nos préparatifs tournent à plein régime», selon MCH, qui espère augmenter le nombre de galeries exposantes de 30%.

S
SDA