L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a lourdement taclé les responsables de la banque aux deux voiles dans son rapport sur la crise de l'établissement publié mardi.

Le conseil d'administration, alors présidé par Axel Lehmann, avait opté à plusieurs reprises pour des changements de stratégie - le dernier remontant à octobre 2022 et prévoyant une «restructuration radicale» de sa banque d'affaires et une réduction des coûts.

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«Ces changements de stratégie n'ont pas été mis en oeuvre de manière rigoureuse. La volatilité des revenus est demeurée élevée tant dans la banque d'investissement que dans la gestion de fortune», ont estimé les experts de la Finma. S'ajoutent à cela des «lacunes sévères» dans la gestion des risques.

Limites du cadre juridique

Le régulateur a également relevé «les scandales à répétition (qui) ont entaché la réputation de la banque, pesé sur les résultats et engendré une perte de confiance». Au plus fort de la crise, Credit Suisse avait en effet subi une hémorragie de capitaux avec des sorties de fonds de 110,5 milliards de francs au dernier trimestre 2022. La réorganisation, les charges et les amendes ont quant à elles affaibli le niveau de fonds propres de l'établissement.

Empêtrée dans des affaires à répétition depuis plusieurs années, Credit Suisse avait vu sa situation se détériorer rapidement début 2023, suite à la faillite mi-mars de plusieurs banques régionales américaines. Dans le cadre du plan de sauvetage dévoilé le 19 mars par les autorités helvétiques, UBS avait alors accepté de reprendre son ancienne rivale pour 3 milliards de francs, après avoir obtenu d'importantes garanties financières de la part de la Confédération et de la Banque nationale suisse.

Impliquée dans le sauvetage de Credit Suisse, la Finma a estimé que «les mesures de crise des autorités ont atteint leur objectif», mais que la base juridique en matière de surveillance du secteur bancaire «a atteint ses limites».

Face à ce constat, le gendarme des marchés financiers souhaiterait renforcer son arsenal répressif, avec notamment l'introduction d'un régime spécial pour la direction et le conseil d'administration («senior managers regime»), la capacité de prononcer des amendes et la possibilité de communiquer régulièrement sur les enquêtes approfondies.