Des témoins ont fait état de frappes israéliennes à proximité de l'hôpital Nasser de Khan Younès, où se cachent, selon Israël, des dirigeants du mouvement islamiste palestinien.

Dans cette grande ville du sud du territoire, en partie détruite, plus de 30'000 personnes déplacées et abritées dans les écoles autour de l'hôpital Nasser, sont confrontées à un manque de nourriture, d'eau, de médicaments et de préparations pour nourrissons, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qudra.

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui vit en exil au Qatar, est attendu en Egypte jeudi ou vendredi pour discuter d'un nouvel arrêt des combats, près de quatre mois après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre.

Ces discussions doivent porter sur une proposition issue d'une récente réunion à Paris entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.

«Proposition en trois phases»

Selon une source du Hamas, le mouvement examine une proposition en trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer entre 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d'aide pourront entrer chaque jour dans le territoire palestinien.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza le jour de l'attaque du Hamas, dont une centaine ont été libérées fin novembre à la faveur d'une première trêve, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Selon les autorités israéliennes, 132 otages restent détenus à Gaza. Parmi eux, 27 ont été déclarés morts par l'armée.

Pour appuyer les efforts en vue d'une deuxième trêve, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, va retourner «dans les prochains jours» au Moyen-Orient, selon Washington.

A ce stade, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment, réclame un cessez-le-feu total en préalable à tout accord, notamment sur la libération des otages.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, évoque de son côté une possible trêve mais continue d'affirmer qu'il ne mettra fin à son offensive à Gaza qu'une fois le Hamas éliminé, les otages libérés, et après avoir reçu des garanties sur la sécurité future d'Israël.

«Nous travaillons pour obtenir une autre entente pour la libération de nos otages, mais pas à n'importe quel prix», a déclaré mardi soir M. Netanyahu, sous pression à la fois des familles d'otages pour une libération et de membres de son gouvernement, hostiles à un accord qui serait trop généreux, selon eux, pour les Palestiniens.

L'Unrwa proposée pour le Nobel de la paix

Dans le territoire palestinien dévasté et devenu «inhabitable», d'après l'ONU, la population «meurt de faim» et «est poussée au bord du gouffre», a dénoncé l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui a dit jeudi redouter de devoir cesser ses activités «d'ici fin février», s'est vue cependant proposée par un élu norvégien pour le Nobel de la paix, «pour son travail de longue haleine visant à fournir un soutien vital à la Palestine et à la région».

Treize pays donateurs ont suspendu leur contribution à cette agence après des accusations d'Israël à l'encontre de 12 de ses employés soupçonnés d'implication dans l'attaque du 7 octobre. L'Unrwa avait annoncé avoir licencié la plupart des salariés concernés.

Dans l'hôpital Nasser, le plus grand de Khan Younès, qui manque de tout, les médecins débordés tentent de faire face à l'afflux de blessés.

«Nous ne sommes pas plus de cinq ou six médecins aux urgences. Chacun d'entre nous doit s'occuper de dix cas en même temps. Les blessés qui arrivent meurent avant que nous ne puissions nous en occuper», a témoigné à l'AFP un médecin, Mahmoud Raja Abou Chamala.

Piégés à Rafah

La guerre a poussé 1,7 million d'habitants de Gaza, selon l'ONU, sur un total de 2,4 millions, à fuir leur foyer.

A mesure que les combats s'étendaient, plus d'1,3 million de déplacés, d'après l'ONU, se retrouvent entassés à présent à Rafah, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.

Hors de Gaza, le conflit risque toujours d'embraser la région du Moyen-Orient. Les rebelles Houthis du Yémen, qui depuis la mi-novembre ciblent le transport maritime international en «solidarité» avec les Palestiniens, ont revendiqué dans la nuit une attaque contre un navire américain dans le golfe d'Aden.

Peu après, Washington a annoncé avoir détruit au Yémen dix drones d'attaque et un poste de commandement des Houthis.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a de son côté discuté jeudi à Beyrouth des «moyens de rétablir le calme» à la frontière israélo-libanaise, théâtre de bombardements entre l'armée israélienne et le Hezbollah, mouvement libanais allié de l'Iran et du Hamas.

La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a fait 1163 morts, majoritairement des civils, selon un nouveau décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive militaire qui a fait 27'019 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.