L'auteur de «Secrets et confidences d'un président» conteste devant le juge de police de la Sarine une condamnation tombée en mars, via une ordonnance pénale. Le procureur général du canton de Fribourg Fabien Gasser lui avait alors infligé une peine de 100 jours-amende avec sursis pendant 2 ans et 1500 francs d’amende ferme.

Selon le Ministère public, Jean-Marc Angéloz aurait amené l’ex-conseiller d'Etat, aujourd'hui président du groupe laitier en difficulté Cremo, à lui transmettre des rapports confidentiels et des informations sensibles inconnues du grand public. Il aurait «incité» l’ancien grand argentier cantonal à agir de la sorte.

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Liberté de la presse

Une incitation qui serait survenue «en l’abordant avec le projet d’entretiens et d'un livre, en rédigeant une feuille de route qui laissait croire que la problématique du secret de fonction était prise en considération» et en entretenant avec l'élu centriste «une relation de courtisan à courtisé».

Jean-Marc Angéloz aurait ainsi «activement provoqué les confidences de Georges Godel, sans se soucier du secret de fonction». Le procureur général a tout de même retenu, à sa décharge, que le journaliste fribourgeois avait pour mobile «de vouloir présenter de manière transparente les rouages de la démocratie».

La condamnation n'a pas manqué de susciter la désapprobation des défenseurs de la liberté de la presse. Reporters sans frontières (RSF) Suisse a fait savoir attendre que «la justice fribourgeoise en tire toutes les conséquences qui en découlent et prononce un acquittement pur et simple».

Même constat du côté d'impressum. Selon la faîtière des journalistes suisses, «il est impensable qu’un journaliste puisse être reconnu coupable pour le simple fait d’avoir posé des questions, même insistantes, à une personnalité politique».

Un précédent

Pour Denis Masmejan, secrétaire général de RSF Suisse, «la condamnation du journaliste repose sur une conception indéfendable du rôle des médias dans une société démocratique. Elle revient à empêcher les journalistes de faire leur travail en les confinant à un rôle de simples porte-voix de l'information officielle».

Et de rappeler que la Suisse a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme pour avoir sanctionné un journaliste pour instigation à violation du secret de fonction. Une jurisprudence, «ancienne et bien connue», qui s'impose à l'ensemble des juridictions helvétiques, explique RSF Suisse.