Au total, outre Lafarge, filiale du géant zougois des matériaux de construction Holcim, neuf personnes, dont l'ex-directeur général Bruno Lafont, l'ex-directeur général adjoint opérationnel, Christian Herrault, ou encore l'ex-directeur de la sûreté du groupe, Jean-Claude Veillard, sont inculpées. Le Pnat demande un procès devant le tribunal correctionnel.
Lafarge est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014 - soit avant sa fusion avec Holcim - via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), pour un total cumulé de plus de cinq millions d'euros à des groupes jihadistes, dont l'organisation Etat islamique (EI), ainsi qu'à des intermédiaires. Les paiements devaient permettre de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya, alors même que le pays s'enfonçait dans la guerre.
D'après des éléments des réquisitions signées vendredi dont l'AFP a eu connaissance, Lafarge a effectué ces versements «dans l'intention de voir ces fonds utilisés ou en sachant qu'ils étaient destinés à être utilisés, en tout ou partie, en vue de commettre des actes de terrorisme, indépendamment de leur survenance, au profit des entités terroristes Ahrar al-Sham, Jabhat al-Nosra et État islamique en Irak et au Levant devenu État islamique».
Le Pnat estime que M. Lafont «a validé la stratégie suivie en maintenant l'activité de la cimenterie en connaissance des financements distribués aux groupes terroristes». Un autre volet, portant sur une possible complicité de crimes contre l'humanité de la société, est lui toujours sous enquête.
Mi-janvier, la Cour de cassation a définitivement validé la rarissime mise en examen de la société pour cette infraction, rendant plausible un autre procès, cette fois devant les assises. La plus haute juridiction judiciaire avait en revanche annulé les poursuites pour mise en danger des salariés de la cimenterie.