L'Inde représentant le 2e consommateur mondial de bijoux en or, ainsi que le 2e marché pour les lingots et les pièces, «l'augmentation des importations» locales de métal jaune a «donné un nouvel élan» à son prix, a constaté Han Tan, analyste d'Exinity, interrogé par l'AFP. Le prix d'une once d'or, qui a explosé d'environ 30% depuis le début de l'année, a atteint jeudi un nouveau sommet historique à 2685,58 dollars.

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Les investisseurs se tournent généralement vers l'or, valeur rassurante, quand les matières premières ou les actions fluctuent trop fortement à cause des tensions géopolitiques, comme c'est le cas actuellement avec les conflits en Ukraine et au Proche-Orient. Le métal jaune profite aussi du récent abaissement de 0,5 point du taux directeur de la Réserve fédérale américaine, une ampleur inattendue qui a pris le marché par surprise.

Cette mesure a contribué à dévaloriser le dollar et les obligations d'Etat américaines, des actifs généralement considérés comme sûrs. Conséquence: les grandes banques centrales délaissent davantage le billet vert au profit de l'or, qui ne rapporte pourtant pas d'intérêts, pour alimenter leurs réserves, selon un processus dit de «dédollarisation».

Demande de bijoux

Cette demande se manifeste aussi dans le succès mondial de produits financiers adossés aux réserves de métal, les ETF, qui permettent de spéculer sur le prix de l'or. L'argent profite d'ailleurs lui aussi de ces dynamiques: il a enregistré jeudi son prix le plus élevé depuis près de 12 ans, à 32,71 dollars l'once, après s'être envolé d'environ 35% sur les neuf premiers mois de 2024.

Côté or, cette spectaculaire progression a été dopée par le regain récent de la demande des bijoux, jusqu'à alors boudés par des acheteurs refroidis par son prix, en particulier en Inde. Les achats de bijoux, qui représentent les trois quarts du marché indien de l'or, avaient reculé de 17% dans le pays au second trimestre par rapport à celui de l'année précédente, et de 35% en Chine, premier marché pour le métal jaune - une chute partiellement compensée par l'explosion des achats de pièces et lingots dans ces deux pays.

Si la demande chinoise reste déprimée dans le contexte d'une économie à la peine, celle côté Inde s'est envolée, le gouvernement indien ayant annoncé fin juillet une réduction des taxes à l'importation sur l'or à 6%, contre 15% auparavant.

«Moussons favorables»

Cette réduction a «stimulé la demande», comme l'espérait le gouvernement, «car elle rend le métal moins cher pour les acheteurs locaux», a détaillé Frank Watson, analyste de Kinesis Money, auprès de l'AFP. A 10,1 milliards de dollars, les importations d'or en Inde ont représenté en août le triple du mois précédent et le double de la valeur d'il y a un an, selon les calculs du Conseil mondial de l'or (CMO).

Ce coup de pouce prend tout son effet alors qu'a débuté en septembre, pour durer jusqu'en février, une saison de festivités à travers le pays, avec les fêtes hindoues de Diwali en novembre, suivies de la période des mariages, synonyme d'achats de lingots, colliers, bagues, bracelets et autres objets en or. Les détaillants en profitent pour «réapprovisionner leurs stocks», relèvent les analystes d'ANZ.

«L'augmentation du revenu par habitant, la jeunesse de la population et l'urbanisation favorisent l'achat de bijoux» en Inde, analysent-ils dans une note partagée avec l'AFP. Par ailleurs, «la demande augmente (également) dans les zones rurales» du pays, a précisé M. Watson, car «les moussons ont été favorables cette année, ce qui devrait améliorer les rendements des cultures et contribuer à soutenir l'économie, en stimulant la demande d'or comme réserve de valeur».