L'incertitude générale provoquée par la guerre commerciale lancée par Washington va peser sur l'ensemble des indicateurs conjoncturels: croissance, inflation et taux de chômage.
Les économistes d'UBS ont confirmé mardi leurs prévisions de produit intérieur brut (PIB) pour la Suisse. Cette année, il devrait progresser de 1,0% ajusté des événements sportifs, après une hausse de 0,9% l'exercice précédent. En 2026, la croissance helvétique devrait accélérer de 1,2%.
Les droits de douane annoncés, puis suspendus par le président américain Donald Trump - qui a conclu lundi une trêve de 90 jours avec la Chine sur ce dossier - «ont déjà provoqué des dommages à l'économie mondiale», ont estimé les experts de la banque aux trois clés dans une étude.
«L'étendue des dommages dépendra de la capacité et de la rapidité avec laquelle l'administration Trump sera capable de conclure des accords commerciaux», ont-ils ajouté. Plus la phase d'incertitude sera longue, plus le risque d'un fort ralentissement conjoncturel sera élevé.
Dans ce contexte, l'économie suisse sera portée par la demande intérieure, le commerce extérieur n'ayant pas été en mesure de contribuer à la croissance, selon UBS. Le manque d'impulsion dans la zone euro, mais aussi en Chine et aux Etats-Unis devrait freiner la demande extérieure.
Taux négatifs pas exclus
Si les échanges commerciaux ne devaient pas se normaliser ces prochains mois, une récession mondiale n'est pas à exclure, ont averti les spécialistes de la banque zurichoise. Et la Suisse ne parviendrait pas à échapper à cette tendance négative.
Seule lumière à l'horizon, le plan de relance en Allemagne et l'augmentation des budgets de défense en Europe pourraient soutenir la croissance l'année prochaine.
Cette morosité devrait peser sur le marché de l'emploi. Le taux de chômage est ainsi anticipé en hausse continue: à 2,4% en 2024, il devrait monter à 3,0% en 2025 et à 3,2% en 2026.
A plus longue échéance, les délocalisations pourraient peser sur le marché de l'emploi suisse, notamment dans le secteur pharmaceutique, a averti l'économiste Maxime Botteron. Les fondamentaux économiques du marché de l'emploi helvétique, marqué par la pénurie persistante de main d'oeuvre qualifiée, ne risquent cependant pas d'être chamboulés par les droits de douane, a-t-il estimé lors d'une conférence en ligne.
Après avoir atteint en moyenne 25% à 30%, leur niveau le plus élevé en 100 ans aux Etats-Unis, les droits de douane américains devraient se stabiliser autour de 10-15%, à l'exception de la Chine, a ajouté M. Botteron.
Après avoir atteint 1,1% en 2024, l'inflation devrait quant à elle chuter à 0,2% cette année, avant de remonter à 0,5% la suivante. Cette tendance devrait motiver la Banque nationale suisse (BNS) à abaisser en juin son taux directeur à 0%, contre 0,25% actuellement.
Une nouvelle escalade dans la guerre commerciale renforcerait à nouveau le franc et pousserait l'institut d'émission à abaisser son taux directeur en territoire négatif.