Selon Climate Rights International (CRI), les entreprises qui exploitent la vaste concession minière de Weda Bay Nickel, sur l'île de Halmahera, 2400 km à l'est de Djakarta, provoquent une augmentation de la pollution de l'air et de l'eau et une déforestation de la zone.

«Malgré des preuves évidentes que les droits et les moyens de subsistance des communautés en Indonésie sont menacés par l'extraction et le traitement du nickel, les entreprises opèrent en toute impunité, privilégiant les profits au détriment des populations», a déclaré Krista Shennum, chercheuse pour Climate Rights International.

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Plus grand producteur de nickel

«Le gouvernement indonésien doit écouter les communautés locales et demander des comptes aux pollueurs», a-t-elle ajouté. L'Indonésie est le plus grand producteur au monde de nickel, dont elle abrite les plus grandes réserves connues.

La mine de Weda Bay a vu son territoire s'étendre sensiblement, au détriment du peuple autochtone des Hongana Manyawa («Peuple de la forêt»), presque totalement isolé du monde.

Batteries des véhicules électriques

La production répond à la forte demande de nickel, principalement pour fabriquer de l'acier inoxydable, et indispensable à la plupart des batteries des véhicules électriques. Pas moins de 17% du nickel mondial provenait de cette seule mine en 2023.

La concession appartient à Weda Bay Nickel (WBN) une coentreprise entre l'indonésien Antam et la société singapourienne Strand Minerals, dont les actions sont réparties entre le groupe minier français Eramet et le géant chinois de l'acier Tsingshan.

«Accaparement de terres, coercition»

Un reportage de l'AFP publié la semaine dernière a montré comment le territoire des Hongana Manyawa était progressivement rongé par la mine de nickel.

Selon CRI, des entreprises indonésiennes et étrangères, en coordination avec la police et le personnel militaire, se sont «livrées à des pratiques d'accaparement de terres, de coercition et d'intimidation» à l'encontre des populations autochtones et d'autres communautés.

Niveaux dangereux de nickel et chrome

Des tests sur l'eau, effectués par les ONG indonésiennes AEER, JATAM et la Fondation Nexus3 en 2023 et 2024 «ont révélé des niveaux dangereusement élevés de nickel et de chrome hexavalent (ou chrome 6, ndlr), entre autres polluants», a encore indiqué CRI.

WBN et Eramet ont tous deux indiqué la semaine dernière à l'AFP qu'ils travaillaient pour minimiser les impacts sur l'environnement, notamment en effectuant des tests sur l'eau.

Militants «harcelés et diffamés»

Des militants locaux et des étudiants opposés au parc industriel ont également subi «du harcèlement et des campagnes de diffamation», a ajouté CRI.

Contactés par l'AFP, ni WBN ni le gouvernement indonésien n'ont réagi dans l'immédiat au rapport de CRI.

La direction générale du charbon et des minéraux du ministère indonésien de l'Energie et des Ressources minérales a indiqué la semaine dernière qu'elle s'engageait à «protéger les droits des peuples autochtones et à garantir que les activités minières ne nuisent pas à leur vie et à leur environnement».