La compagnie aérienne irlandaise low cost et le gouvernement espagnol de gauche sont en conflit ouvert depuis novembre 2024, lorsque Ryanair s'est vue infliger une amende de plusieurs millions d'euros par Espagne, l'un de ses principaux marchés, pour des pratiques frauduleuses, comme le fait de faire payer les bagages à main.

«Ryanair, la première compagnie aérienne d'Espagne, a annoncé aujourd'hui (...) qu'elle réduirait sa capacité pour l'hiver 2025» de «plus d'un million de sièges en hiver (...) en raison des taxes aéroportuaires excessives et non compétitives appliquées par l'opérateur aéroportuaire monopolistique Aena», a annoncé l'entreprise dans un communiqué.

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La compagnie arrête de desservir Saint-Jacques-de-Compostelle et suspend les dessertes de Vigo et Tenerife Norte, ferme les liaisons pour l'hiver avec Valladolid et Jerez et réduit ses capacités dans d'autres aéroports régionaux, notamment certaines liaisons avec les îles Canaries.

«Extorsion» de Ryanair

«Ces réductions nuiront surtout aux aéroports régionaux espagnols, déjà vulnérables, et entraîneront inévitablement une perte d'investissements, de connectivité, de tourisme et d'emplois dans l'Espagne régionale, étant donné que de nombreuses liaisons ne seront pas rentables économiquement», a poursuivi Ryanair.

Ryanair avait déjà supprimé environ un million de sièges pour l'été, en raison des tarifs d'Aena, détenu à 51 % par l'État et propriétaire de 46 aéroports dans le pays.

Dans un communiqué très virulent, le président d'Aena, Maurici Lucena, a répondu en affirmant que «si les aéroports espagnols évoluaient au rythme des exigences, des pleurnicheries, des subterfuges et de l'insupportable stratégie d'extorsion de Ryanair (...) ils cesseraient de bien fonctionner».

Bien qu'Aena reconnaisse avoir «bénéficié de l'activité et du dynamisme de Ryanair», son président fustige le fait que la compagnie «intimide l'opinion publique avec le retrait de ses avions, réclame la démission de ministres dans la moitié de l'Europe et de la présidente de la Commission européenne (et) se moque des politiciens élus démocratiquement».

Au cours des deux dernières années, «Ryanair a menacé et tenté d'intimider les autorités publiques en Allemagne, France, Belgique, Portugal, Italie, Grèce, Autriche, Pays-Bas, Danemark et Royaume-Uni», a ajouté Lucena.

Depuis l'annonce de l'amende espagnole, la compagnie multiplie les attaques envers le gouvernement, traitant de «fou communiste» le ministre de la Consommation, ou le montrant déguisé en clown dans une campagne publicitaire.

Ryanair a adopté la même stratégie en France où elle a annoncé fin juillet une réduction de 13% de sa capacité, soit 750.000 sièges en moins, désertant trois aéroports régionaux (Strasbourg, Bergerac et Brive) pour l'hiver.