Le stress thermique n'est pas retombé avec la levée de l'alerte canicule retentie fin juin puis mi-août à Genève, Vaud, Neuchâtel ou le Tessin. Après un répit de fraicheur, de fortes températures sont revenues, selon les relevés de Météo Suisse transmis à l'agence AWP. «Les journées et nuits chaudes seront plus fréquentes et plus extrêmes, notamment dans les zones urbaines, densément peuplées et à basse altitude», prévient le National center for climate services (NCCS).

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

«Mais nos villes ne sont pas conçues pour ces fortes chaleurs», déplore Christoph Frei, professeur titulaire au Centre de l'Energie (CEN). «Nous devons réduire les émissions tous les dix ans de moitié. Une bonne direction des routes peut aider à ventiler la ville et le nombre d'arbres doit radicalement augmenter.»

Par ailleurs, «les bâtiments qui parviennent à réduire leur charge thermique gagnent en attractivité et donc en valeur», explique Luca Copercini, co-fondateur d'Oaks Group, promoteur immobilier genevois. «Les développeurs de projets qui investissent à temps dans des mesures adaptées garantissent le confort et la santé, mais aussi la rentabilité future et l'acceptation par le marché», le rejoint un expert du géant de la construction Implenia. Le groupe a créé en 2024 la start-up Encira pour considérer la résilience climatique de façon systémique.

«L'aspect extérieur ne relève pas uniquement de l'esthétique. Les couleurs foncées absorbent davantage la chaleur solaire, tandis que les teintes claires réfléchissent la lumière, réduisant la surchauffe. Le choix doit être cohérent avec l'orientation, l'inertie thermique et la stratégie de ventilation», détaille M. Copercini. Au marbre, on préférera une pierre moins noble et le crépi isolant a un bon rapport performance/prix, tandis que le bardage en bois est un très bon isolant naturel. «Le choix des matériaux fait la différence, mais c'est une question de coûts. Pour vendre à un prix bas, il faut construire à un prix bas.»

Eventail de réglementation

En visitant le nouveau siège de la banque privée Lombard Odier, l'exposition au soleil est à l'opposé de celle de l'historique édifice de la Corraterie. En transparence, «le bâtiment est positionné de manière à permettre son refroidissement grâce au vent le long du lac et des coursives profondes pour empêcher une partie des rayons du soleil directe sur les vitrages», explique le cabinet d'architectes Herzog et de Meuron pour AWP.

Les bureaux inaugurés mercredi bénéficient d'un portefeuille thermique labélisé. «Les besoins de chaleur ont été abaissés à 13 kWh/m2, soit 25% inférieur à l'exigence Minergie-P», souligne la banque. Le système GeniLac des Services industriels de Genève (SIG) alimentera le siège été comme hiver. La ventilation est ajustée selon l'occupation et sur la toiture 750 m2 de panneaux solaires parent un toit végétal à 85%.

Pour les bureaux, la gestion de la chaleur est maitrisée. Mais, pour certains locataires, des solutions plus rapides et abordables priment. Le commerçant en ligne Galaxus a affiché une hausse de 233% sur un an de la vente de climatiseurs en juin et une rupture de stock. Le premier semestre a déjà compté plus de commandes que tout 2024. «Les monoblocs à moins de 300 francs sont les plus demandés et les climatiseurs 'split mobiles' (en deux parties) prennent du terrain. Pour les petits espaces, ils sont suffisants. Les installations complexes sont moins intéressantes ou pas autorisées du tout», explique Alex Hämmerli, directeur de la communication de Digitec Galaxus.

Les obstacles bureaucratiques, dont une palette de labels comme SNBS, GEAK ou LEED, «poussent à revoir l'isolation. C'est une bonne chose, mais pour la planification urbaine, il faut une volonté politique qui est toujours trop faible», étoffe M. Frei. «La législation exige que la preuve de la protection thermique estivale soit calculée avec des données prévisionnelles pour les scénarios climatiques futurs», ajoute Implenia.

En 2024, les subventions attribuées à Genève par l'Office cantonal de l'énergie (OCEN) ont dépassé les 50 millions de francs, plus de 31% sur un an, dont la moitié en constructions et rénovations certifiées Minergie ou HPE/THPE. Ces derniers bénéficient d'une exonération de l'impôt immobilier complémentaire (IIC) pendant 20 ans. Pour le canton de Vaud, l'enveloppe est passé de 58 à 73 millions en un an.