Les exportations chinoises avaient largement dépassé les prévisions en juillet, après la conclusion en mai d'une trêve précaire entre Pékin et Washington dans leur bras de fer commercial lancé par Donald Trump.
Mais ce rebond s'est atténué en août, selon des données publiées lundi par les Douanes chinoises, qui annoncent une croissance des exportations sur un an de 4,4%. C'est en-dessous des prévisions des économistes sondés par l'agence Bloomberg (+5,5%).
Les importations sont également en dessous des attentes avec une augmentation de 1,3% le mois dernier par rapport à l'an passé, un chiffre bien inférieur aux prévisions (+3,4%).
Les exportations chinoises vers les Etats-Unis ont en particulier chuté de 11,8% en août par rapport à juillet, selon des calculs de l'AFP basés sur les données publiées lundi.
Nouveaux marchés
Le maintien à flot des exportations chinoises le mois dernier a été porté par le commerce avec l'Europe et l'Asie, soulignent les données des Douanes chinoises.
Les exportations chinoises vers l'Union européenne (UE) ont ainsi grimpé de 10,4% sur un an en août et de 22,5% vers les pays d'Asie du Sud-Est, d'après ces chiffres.
«Les exportateurs chinois ont cherché à accroître leur part de marché dans d'autres pays», note Zhiwei Zhang, économiste en chef chez Pinpoint Asset Management.
«Cette initiative d'+internationalisation+ a probablement contribué à la résilience des exportations chinoises jusqu'à maintenant», poursuit l'expert.
Les exportations font, depuis plusieurs années, office de moteur de l'économie chinoise dans un contexte de consommation interne morose.
Mais ce modèle est remis en cause par la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump en début d'année, à laquelle Pékin a riposté avec fermeté.
Ces derniers mois, les négociations entre les deux premières puissances économiques mondiales ont toutefois permis d'abaisser les tensions.
A l'issue de rencontres entre responsables chinois et américains, les deux pays ont convenu d'une trêve commerciale, relative, jusqu'à novembre prochain.
Cet accord a temporairement fixé à 30% les nouveaux droits de douane américains sur les produits chinois, tandis que les taxes de Pékin sur les marchandises américaines s'élèvent à 10%.
«Sous pression»
Avec la baisse du coup de pouce apporté par la trêve commerciale et la hausse annoncée des droits de douane américains sur les exportations chinoises détournées via d'autres pays, «les exportations (chinoises) devraient être sous pression à court terme», alerte toutefois Zichun Huang, économiste chez Capital Economics.
Un ralentissement marqué du commerce extérieur chinois pourrait mettre en péril l'objectif officiel «d'environ 5%» de croissance pour 2025 fixé par l'Etat-Parti chinois.
Outre la guerre commerciale, le géant asiatique doit également faire face à une longue crise immobilière qui pèse sur le moral des consommateurs et les finances des collectivités locales.
Un indice indépendant, publié au début du mois, avait certes enregistré une hausse de l'activité dans le secteur des services, suggérant une amélioration de la consommation en période estivale.
Mais les économistes restent prudents quant au maintien de cet élan sur le long terme, notamment en raison d'une guerre des prix féroce entre les entreprises, qui pèse sur leurs profits et sur l'emploi.