Emmanuel Macron a nommé mardi soir un de ses fidèles, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, au poste de Premier ministre. Il remplace le centriste François Bayrou, démissionnaire après la chute lundi de son gouvernement lors d'un vote de défiance des députés sur son plan de désendettement du pays.
La journée baptisée «Bloquons tout» a été lancée sur les réseaux sociaux durant l'été avec de multiples revendications, dont l'abandon du projet de budget de François Bayrou. Elle a donné lieu mercredi à de nombreuses actions un peu partout sur le territoire, sans toutefois de blocages d'envergure.
Elles se sont souvent heurtées au déploiement massif des forces de l'ordre - environ 80'000 sur toute la France, 6000 dans la capitale - ordonné par les autorités face à ce mouvement protéiforme, sans meneurs identifiés, qui rappelle celui des «Gilets jaunes» qui a secoué la France en 2018-19.
Raffineries sous surveillance
Les sites stratégiques, comme les raffineries, font notamment l'objet d'une surveillance particulière. Un total de 200 interpellations ont eu lieu en France, dont 132 en région parisienne, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau dans la matinée.
Quelques perturbations, conformes aux prévisions, ont été enregistrées dans les transports en commun, selon les opérateurs. Des lycées ont également été bloqués notamment à Paris, Rennes (ouest) et Montpellier (sud).
La mobilisation restait dans l'ensemble limitée. «On pensait être plus nombreux», regrettait Cédric Brun, tourneur-fraiseur et syndicaliste chez PSA à Valenciennes dans le Nord de la France, bloquant un rond-point d'accès à une zone commerciale.
«Ce qui est malheureux, c'est qu'il y a plus de révolutionnaires sur Facebook que dans la réalité», lâchait-il, en référence à la naissance nébuleuse du mouvement sur les réseaux sociaux, relayé ensuite par différentes forces de gauche et syndicats.
Impasse politique
Parallèlement, Emmanuel Macron tente de sortir de l'impasse politique dans laquelle il se trouve depuis sa décision de juin 2024 de dissoudre l'Assemblée nationale, désormais fracturée en trois grands blocs sans majorité (alliance de gauche, centre-droit, extrême droite).
Au lendemain de sa nomination, Sébastien Lecornu, 39 ans et quasi-inconnu du grand public, prend officiellement ses fonctions de Premier ministre mercredi.
Sa nomination a été critiquée d'emblée par les oppositions, dont le parti de gauche radicale La France Insoumise qui déposera une motion de censure spontanée quand il présentera son gouvernement devant l'Assemblée nationale.
Le Parti socialiste a estimé pour sa part qu'en plaçant à ce poste cet homme issu de la droite, le président Emmanuel Macron «prend le risque de la colère sociale» et «du blocage institutionnel».
Le budget de la discorde
Cinquième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis sa réélection 2022 et troisième en un an, Sébastien Lecornu aura la lourde tâche de bâtir un gouvernement susceptible de durer plus longtemps que ceux de ses prédécesseurs (91 jours pour Michel Barnier, moins de neuf mois pour François Bayrou), puis de faire voter un budget avant la fin de l'année.
François Bayrou est tombé après avoir engagé la responsabilité de son gouvernement sur un projet de budget d'austérité prévoyant 44 milliards d'euros d'économies pour tenter d'endiguer la hausse de la dette publique (114% du PIB).
Mobilisation le 18 septembre
Une nouvelle journée de mobilisation, cette fois à l'appel des organisations syndicales, est prévue le 18 septembre.
Dans ce contexte d'incertitude politique et sociale, l'agence Fitch donnera vendredi la note de la dette française, qui pourrait être dégradée. Mardi, la France a emprunté à échéance dix ans aussi cher que l'Italie, longtemps considérée parmi les mauvais élèves en Europe.