Plus de 500 personnes se sont déplacées dans le Val Bregaglia pour assister à cette inauguration. «Il s'agit de la fin des travaux, mais pas d'un jour de célébration, par respect pour les huit victimes qui ne sont jamais rentrées chez elles», a déclaré le maire de Bregaglia, Fernando Giovanoli. Le chantier a duré quatre ans et coûté 52 millions de francs.
La pose de la première avait eu lieu le 11 septembre 2021. Entretemps, routes et ponts ont été surélevés jusqu'à cinq mètres au-dessus de leur ancien niveau. Un gigantesque bassin de rétention a été bâti dans le but de contenir les laves torrentielles. En cas de nouvel éboulement au Pizzo Cengalo, la nouvelle infrastructure doit permettre de protéger les villages de Bondo, Spino, Sottoponte et Promonogno des gravats.
Un des plus grands éboulements en Suisse
Le 23 août 2017, un des plus grands éboulements en Suisse depuis 130 ans s'est produit au Pizzo Cengalo. Huit personnes ont perdu la vie sur un sentier de randonnée. Les victimes venaient d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse.
Trois millions de mètres cubes de roche se sont détachés de la montagne, puis ont dévalé dans le vallon latéral de Bondasca. Les masses rocheuses sont descendues sous forme de lave torrentielle jusque dans la vallée. Le village de Bondo a échappé de peu à la destruction. Les 200 habitants avaient été évacués.
Dans son discours d'inauguration, le maire de Bregaglia a critiqué les lenteurs de la justice, le procès concernant la mort des huit randonneurs ayant été renvoyé récemment une deuxième fois d'un an. «En huit ans, le législatif et l'exécutif a bouclé le travail qu'il avait à accomplir, alors que le pouvoir judiciaire rencontre visiblement des problèmes. Cette attente n'est pas agréable pour les protagonistes et les proches des victimes.»
Solidarité et force symbolique de l'ouvrage
Toutes les personnes qui ont participé aux travaux, les représentants politiques concernés et donateurs qui ont soutenu la région depuis la catastrophe ont été invités à l'inauguration. La ministre grisonne des infrastructures, Carmelia Maissen, a rappelé la vague de solidarité qui a suivi l'éboulement. «Cette solidarité est notre force et continue de nous donner de la force.»
Architecte de profession, la conseillère d'Etat centriste a aussi rendu hommage aux nouveaux ouvrages de protection. «Que des pierres descendues du Pizzo Cengalo (lors de l'éboulement) aient été intégrées dans ce projet de construction symbolise de manière impressionnante la proximité entre les risques et les chances de l'espace alpin», a-t-elle déclaré. Elle a conclu en dialecte local: «Bondo vit et peut regarder l'avenir avec confiance.»