Visé par une loi contre l'essor de la mode ultra-éphémère et ayant récemment écopé d'amendes colossales en France, Shein continue de s'attirer les foudres des autorités et des commerçants.

Mardi, c'est une coalition de fédérations du textile et de l'habillement européennes (France, Italie, Espagne, Allemagne, Grèce, Suisse, Belgique, Portugal, etc.) qui a écrit à la Commission européenne pour exiger des «actions d'urgence» contre Shein, Temu et AliExpress.

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Ces mastodontes asiatiques de la vente en ligne, de mode pour Shein et de «bazar» pour Temu et AliExpress, sont accusés d'inonder le marché européen de produits à prix cassés et non conformes, de concurrence déloyale, de pollution environnementale et de travail indigne.

Le jour de la signature de la lettre à l'UE, Shein a révélé que la marque française Pimkie allait intégrer sa plateforme pour se développer l'international.

Une annonce qui a généré une avalanche de réactions outrées des organismes représentatifs de l'habillement et du textile, y voyant un «signal inacceptable» et une alliance empreinte de «déshonneur».

La famille Mulliez, qui a cédé Pimkie en 2023 moyennant la préservation de «l'activité et l'emploi d'une enseigne autonomisée et responsabilisée» avec une dotation de 140 millions d'euros, a réagi le lendemain, estimant que le partenariat avec Shein dévoyait cet accord et qu'elle saisirait la justice.

«Collaborer avec le diable»

Jeudi, la Fédération française du prêt-à-porter féminin a déclaré «soutenir» cette plainte de l'association familiale Mulliez (AFM), qui contrôle de nombreuses enseignes comme Auchan, Leroy Merlin, Decathlon, Kiabi, Flunch et Boulanger.

Le président du groupe Pimkie, Salih Halassi, a affirmé que «la famille Mulliez ne dispose d'aucun fondement juridique lui permettant d'engager une action (...) au titre du contrat de cession» et que «ce nouveau partenariat (...) permettra même la création de nouveaux emplois», dans une déclaration transmise à l'AFP.

La grande distribution a rejoint le mouvement dans la semaine.

Mercredi lors d'un déjeuner avec la presse auquel a assisté l'AFP, Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U, a qualifié l'association Pimkie/Shein de «scandaleuse». «C'est collaborer avec le diable», a-t-il soutenu. «On commence à réfléchir à une +class action+ (action de groupe, NDLR) contre ces acteurs-là» dont les produits sont insuffisamment contrôlés selon lui.

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a condamné dans un communiqué l'alliance entre Pimkie et Shein, qui «revient à tendre la main aux acteurs dont le modèle précarise les emplois, vide les centres-villes et affaiblit l'industrie textile et le commerce français et européen. Ce choix n'est pas un sauvetage, mais une capitulation», a jugé l'organisme qui regroupe la plupart des enseignes de la grande distribution.

Philippe Palazzi, le directeur général du Groupe Casino et président de Monoprix et Naturalia s'est également positionné jeudi, voyant «un vrai danger avec Shein et Temu» pour les commerces, a-t-il prédit lors de l'événement du média spécialisé LSA-La Conso.

«Certes, il faut légiférer» mais «cela risque de prendre des mois, voire des années», s'inquiète le patron qui demande «un moratoire» pour «interdire temporairement ces plateformes jusqu'à ce que l'Europe légifère, pour éviter les friches commerciales dans nos villes et nos villages».